dimanche, août 24, 2008

Sarkozy et la retraite

C'est lorsqu'il a annoncé qu'il allait, sitôt élu Président de la République Française, partir quelque part, dans un endroit isolé - « comme pour une retraite», le temps qu'il lui faudrait « pour habiter la fonction » (Sarkozy cité dans Le Monde du 27.04.07), que j'aurais dû commencer à m'inquiéter pour l'avenir de notre communauté nationale.

Il est vrai que j'avais été très étonné. Il était le premier à faire ce type d'annonce. Une annonce qui recelait l'aveu que son auteur ne se sentait pas trop dans l'éminente fonction sociale qu'il briguait.

16 mois plus tard, force est d'admettre – les occurrences pullulent – que Sarkozy n'est toujours pas en mesure d'« habiter la fonction ».

Il est toujours dans ses vieux habits. Ceux par lesquels il s'est montré performant pour capter l'intérêt et l'adhésion immédiate de l'opinion.

Mais d'un Président de la République on attend justement l'opposé d'un comportement qui engendre des sensations positives immédiates (que ce soit un bon mot ou une pommade qui apaise une émotion collective ponctuelle.) On attend des repères et des fondations pour l'avenir.

L'opinion en a conscience. Et donc lui-même aussi. C'est pour cela qu'il met régulièrement en scène le "j'ai changé". C'était le cas en janvier 2007, en avril 2007, entre les deux tours (cf l'article du Monde cité ci-dessus), en janvier 2008 aussi. Mais comment faire accroire ce changement si la partition du "j'ai changé" se répète ainsi ? Elle n'est alors rien d'autre qu'une réponse à effet immédiat à un désaveu de l'opinion. Toujours les vieux habits...

Le héraut de la réforme serait-il ainsi incapable de se réformer lui-même ?

On en arriverait à craindre un manque d'étoffe, d'épaisseur spirituelle chez le 1er personnage de l'État. Rappelons qu'il a été capable de dire publiquement : « Il faut qu'il y ait de l'autorité, des lois. L'intérêt de la règle, de la limite, de la norme, c'est justement qu'elles permettent la transgression. Sans règles, pas de transgression. Donc pas de liberté. Car la liberté, c'est de transgresser.» Interview par M. Onfray dans Philosophie Magazine n° 8. Et il a dit ça lors de sa campagne pour se faire élire chef de l'État ! C'est tout simplement disqualificatoire : l'État, c'est justement le système des règles qui rendent viables la vie en commun ! C'est de la philosophie d'adolescent ou de soixante-huitard attardé et superficiel. Les policiers, les magistrats, chargés d'affirmer l'autorité de l'État face au délinquant vont-ils se voir opposer une citation de Sarkozy ?

Nous ne savons pas ce qui se passe en l'esprit d'un être humain. Mais celui dont il s'agit ici s'est mis sur le tout devant de la scène, et nous souffrons de recevoir de lui des signes qui ne sont pas à la hauteur de la confiance que, de nous, il a revendiquée.

Et l'exigence de l'intérêt collectif est trop prioritaire pour souffrir de l'attente d'une clarification de la psychologie présidentielle.

Dès lors la nécessité d'une retraite pourrait à nouveau se poser au Président, mais sans doute pas selon la même modalité.

samedi, août 23, 2008

Jeannie Longo hors cadre

Vous connaissez Jeannie Longo : la plus grande de tous nos sportives et sportifs (déjà pour le plus voyant, c'est-à-dire pour le palmarès).
Jeannie Longo vient de participer à ses 7èmes J.O. (ses 1ers : en 1984 à Los Angelès) !
Elle a frôlé l'obtention d'une médaille, à 49 ans !
Sa première médaille ? En 1979, comme championne de France !

Qui dit mieux ? Quels autres sportifs, même s'ils font délirer les commentateurs et les foules peuvent-ils lui être comparés ?

Avez-vous vu des images de J. Longo à la télé lors de ces J.O. ? Moi, pas !

Quel grandiose discrétion des médias !

Qu'est-ce qui ne va pas chez J. Longo pour que les journalistes sportifs n'aient pas la propension à écouler leurs adjectifs dithyrambiques ?

C'est parce qu'elle mange bio et défend l'agriculture bio au lieu de jouer dans les marges de la médecine allopathique et du dopage?

C'est parce qu'elle travaille, s'entraîne en dehors du cadre de la fédération sportive ?

C'est parce qu'elle fait des affaires commerciales, qu'elle est virtuose de piano, entre autres activités ?

Ou bien est-ce parce qu'il est dans la logique de notre société du spectacle que celui-ci soit éphémère et que l'athlète durable ne soit pas spectaculaire ?

Eh bien je vois une autre possibilité : peut-être que Jeannie s'en moque de la reconnaissance dithyrambiques et baveuse de journalistes sportifs toujours à nager dans les clichés et le chauvinisme.

Elle n'en n'a pas besoin.

Nous non plus. Il nous suffit de savoir qu'elle existe. Alors nous nous intéressons à elle. C'est comme cela qu'elle a le plus d'influence : comme personnalité exemplaire !

Reprise ?

Tenir un blog, c'est-à-dire tenir une rubrique régulière, est une discipline à laquelle je n'ai pas su me contraindre.

Humain, trop humain que ce divorce entre ce qui est voulu et ce qui est tenu. Ici, vous l'avez remarqué, on veut et tient ( + ou -) pendant les vacances d'été, et on laisse filer lorsque la pression professionnelle devient permanente.

Pourtant la réflexion écrite régulière est une perspective à laquelle je ne veux pas renoncer.

C'est un besoin de tout homme que la pause, plutôt quotidienne et vespérale, qui met entre parenthèse l'action pour essayer de considérer les événements en perspective, et clarifier le sens de ce qu'on a fait et de ce que l'on a à faire. Et c'est une condition liée à l'activisme fébrile du monde contemporain que de ne laisser que les vacances d'été pour une telle pause.

Mais il faut résister au courant. Être libre, n'est-ce pas d'abord maîtriser son temps ? Inscrire son propre rythme de vie dans le monde ?

Mais, après tout, pourquoi ne pas faire un simple examen de conscience – tout intérieur à soi – à la manière des Stoïciens ?

Il s'agit ici de penser notre humanité dans sa résonance avec l'actualité. Or la pensée philosophique fait fond sur l'universalité de la condition humaine.

Hommage à Internet et à ce blog de donner une possibilité de concrétisation de cette universalité : en écrivant ici ce qui me soutient et ce que je vise (sans peut-être toujours l'atteindre) c'est vous qui vivez les mêmes problèmes de l'humaine condition.