dimanche, septembre 28, 2008

Ça va pas la tête !

Oui, ça va pas la tête !
Sans point d'interrogation.
C'est un diagnostic.
Sur l'esprit d'incohérence dont le monde – et "Le Monde" quotidien du soir – a besoin pour continuer à tourner sans remettre en cause les positions acquises.
Ainsi l'on peut lire dans la même journée du 26 un article sur
Les émissions de CO2 excèdent largement les prévisions

et un article sur
Formule 1 : course de nuit à Singapour

Et pas de rapport entre ces deux articles !

Le premier est un message d'alerte maximum : il fait le constat de l'inconséquence des décideurs, et nous met en face de la détermination délibérée de catastrophes à venir ( + de CO2 => + d'effet de serre => réchauffement accru);
le second n'examine, concernant une course automobile en nocturne, que les problèmes posés à une poignée de pilotes automobiles.
L'alarme de l'un ne parvient pas aux oreilles de l'autre !

N'y a-t-il pas une instance de coordination, quelque chose comme une rédaction en chef, pour rappeler que le lecteur des articles est Un, et que c'est dans un même cerveau que ces deux articles doivent cohabiter ?

Les journalistes auraient-ils une idée trop réductrice de leur lectorat pour l'imaginer affidé à un domaine d'intérêt particulier avec ses modèles, voire sa vision du monde, sans capacité d'aller au-delà ?

Où alors ne sommes-nous en face d'une maladie spirituelle contemporaine, qu'on a pu appeler "zapping", et qui implique que l'on vide la mémoire vive de son cerveau à chaque clic de souris (ou annonce d'une nouvelle communication) pour se rendre disponible à la séduction nouvelle ?

Serait-ce de cette maladie que l'humanité se dépérit ?

lundi, septembre 22, 2008

Titrisation médiatique

La tempête financière actuelle m'a initié au mot titrisation.
On titrise une créance lorsqu'on la met sur le marché où elle devient un titre autonome sur lequel on peut spéculer. Ce n'est plus alors la solvabilité d'un débiteur qui détermine la valeur de la créance, mais ce qu'on pourrait appeler l'"ambiance" des marchés. On fait crédit à un établissement bancaire de ses crédits. On fait crédit à un fond d'investissement du crédit qu'il a fait à des établissements de crédit, etc...

Éh bien il faudrait peut-être retenir ce mot de titrisation comme une des clés du monde contemporain.

N'y a-t-il pas, de manière très sensible, une titrisation médiatique ?
Par exemple on vient juste, à la radio, de m'informer – me vanter – sur une émission de télévision ce soir sur la médiatisation de la vie privée des hommes politiques.
N'est-ce pas me demander de faire crédit sur le crédit que je dois porter à une émission qui va porter sur le crédit qu'on doit accorder au médias qui parlent de la vie privée des hommes politiques.
Vous suivez ?
Vous ne suivez pas ? C'est normal.
Car l'essence de la titrisation, n'est-ce pas justement de décoller de la réalité – l'unique, celle qui résiste à nos désirs – pour s'attacher aux représentations, et aux représentations de représentations, etc...?
Comme les sophistes de l'antiquité qui proclamaient qu'il n'y a pas de réalité unique, mais qu'il n'y a que les représentations qu'on s'en fait. Et donc que l'important, c'est d'imposer les siennes.
Perdre la réalité par le jeu sur les représentations qu'on s'en fait, cela a toujours été une manière de faire illusion, donc une méthode de pouvoir.
Pendant ce temps, des gens n'arrivent pas à se nourrir, des camions piégés explosent, et la banquise se délite.
La titrisation : dernier avatar de la sophistique.
"Socrate ! Reviens ! On a besoin de toi !"

lundi, septembre 15, 2008

Répulsif anti-jeunes

Donc il s'est trouvé de doctes gens, consciencieux, méthodiques et biens payés, pour consacrer leurs journées, plusieurs, beaucoup sans doute, à mettre au point un répulsif anti-jeunes. Que faisaient-ils avant ? Que font-ils maintenant ? Du répulsif anti-mammifères pour les jardins, de la lotion anti-moustiques ? N'auraient-ils donc que modifié leurs paramètres pour trouver le produit qui agresse le mieux la sensibilité des jeunes ?
Et puis une entreprise toute fière de son innovation l'a lancée sur le marché. Et il s'en est vendu plusieurs milliers d'exemplaires (ce sont des boîtiers émetteurs d'ultrasons).
Je remarque parallèlement la multiplication d'affichettes interdisant l'expression de la vitalité des jeunes dans les ensembles urbains.
Donc résumons-nous : en ce début de XXI° siècle les jeunes sont séparés de l'expérience des activités adultes – expérience si formatrice pour eux . Ils sont exclus de presque toutes les voies de circulation (par les bagnoles). Ils sont drastiquement confinés dans les espaces publics (par les bagnoles et les exigences du commerce). Et lorsqu'ils sortent de chez eux pour aller vers la socialisation la plus proche– les bas d'immeuble – ils sont chassés par des répulsifs.
Voulez-vous faire de vos enfants de futurs citoyens libres capables de participer activement à l'élaboration du monde commun ? Ou voulez-vous en faire des bêtes furieuses prêtes à se livrer corps et âmes aux plus folles aventures terroristes ?
Ah ! J'étais injuste. J'oubliais que, dans votre grande sollicitude, vous avez prévu des jeux où ils peuvent exprimer toute leur agressivité par d'infimes mouvements du pouce et de l'index, sans sortir de leur chambre.
Dis-moi comment tu traites la jeune génération, je te dirai où tu vas.

Grotesque

Plus de 100 000 personnes à Lourdes. Pour marquer le 150 ème anniversaire de l'hallucination d'une ado. C'est grotesque !