mardi, mai 04, 2010

Non pas ce à quoi on renonce, mais ce qu'on manque !

Il faut réformer notre rapport à l'environnement naturel.
Il faut réformer nos modes d'activité et de consommation.
Le point délicat de ces propositions est dans le "Il faut".
Cette locution, implicitement, fait peser sur nous un poids : celui du renoncement.
Nous avons acquis le besoin d'un certain nombre de biens, ou plutôt d'un certain flux de biens, et le contenu de notre vie, c'est de nous activer pour entretenir ce flux.
Et ces problèmes d'environnement, c'est extrêmement gênant, car que fera-t-on de notre vie ?

Or, un esprit sain – mens sana in corpore sano – ne peut avoir des motions aussi peu souples vers des biens déterminés dans une situation d'abondance de biens.
Je veux dire : les biens assurant l'entretien de la vie en bonne santé étant acquis (pour nous tous qui bénéficions de l'abondance des sociétés mercatocratiques), nous ne devrions pas avoir besoin de ce flux de biens dépendant de notre activisme sur l'environnement.
Nos pères, grands-pères, et toute la longue lignée de nos ancêtres nécessiteux, n'ont fait qu'en rêver :"Quand je serai riche ...".
Nous sommes riches.
Et nous continuons à nous comporter comme des nécessiteux : nous avons "besoin" de ces flux de biens.
Nous pouvons être libres par rapport aux biens matériels, car nous avons l'abondance.
Nous n'en profitons pas : nous nous comportons comme des pauvres.
Ce que nous ratons, ce sont les 3 petits points du "Quand je serai riche ..." de nos pères. Car nous pouvons réaliser leur rêve : consacrer notre vie à faire de belles choses.
Non pas continuer à consommer comme des nécessiteux. Mais créer comme des êtres libres.
La révolution écologique, ce n'est pas penser à ce à quoi on renonce, c'est enfin l'opportunité d'envisager ce qu'on manque.

2 commentaires:

  1. je suis d'accord avec ce que tu dis...
    Pourtant,ce nous que tu mets grammaticalement comme sujet actif de la consommation me semble bien souvent "objet" et "victime" de la société de consommation, nous sommes contraints à consommer. "On" déploie des stratégies et finance des recherches pour mieux connaître les fonctionnements psychiques et les arcanes du désir... il semblerait plutôt que tout soit fait pour ne pas nous laisser libres de ne pas consommer !
    Oui, les biens sont là, oui, nous sommes riches, mais on agite toujours devant nous les chiffons de la peur de la crise, du désastre si nous ne maintenons pas la croissance (et donc la consommation) en hausse constante.

    Désirons-nous vraiment consommer ? Nous sommes des êtres de désir, certes, mais notre désir n'est-il pas kidnappé et orienté vers des buts qui nous sont étrangers, (auxquels nous sommes aliénés... possédés d'un désir étranger à notre être propre)?
    Maintenant que nous sommes riches, il semblerait que nous passions notre temps à créer de la richesse et à entretenir la richesse, c'est bien ce que tu dis... Et nous aurons du mal à y échapper à moins que ne nous soit rendue une certaine "liberté" d'humains et non de sujets-objets.

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  2. Effectivement tout est fait pour agréger, dans l'imaginaire en lequel s'exprime nos désirs, la consommation de biens marchands.
    Mais n'illustrons-nous pas constamment notre capacité à prendre du recul par rapport à cet imaginaire ?
    Ensuite la logique sociale oblige :
    Comment éviter la bagnole individuelle ? Comment ne pas tenir compte un minimum des valeurs dominantes pour ne pas être trop impuissant parce que trop marginalisé ?
    Et c'est là le levier décisif, me semble-t-il : faire bouger les valeurs dominantes.
    C'est pour cela que les créations culturelles qui manifestent l'esprit libre sont si précieuses.

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