mardi, février 22, 2011

Impasse de l'écoféminisme ?

 L'écoféminisme c'est la thèse que le combat contre la domination tyrannisante de la nature et le combat contre la domination des femmes sont un même combat, car il s'agit dans les deux cas d'une même domination qui est qualifiée de masculine.
Le sexisme, c'est d'attribuer une valeur négative à un être humain, a priori, du fait de son sexe.
On connaît trop bien le si répandu et lourd sexisme contre les femmes.
Il faut être également lucide sur le sexisme contre les hommes.
Attribuer aux hommes la responsabilité des dommages à la planète, et plus globalement de la violence dans l'histoire, relève de ce dernier sexisme. Si bien que l'écoféminisme exprime assez régulièrement des jugements sexistes.
Tout le problème réside dans la facilité à faire l'amalgame entre la distinction de valeurs masculines/féminines, et le sexe des individus.
Il est vrai que l'adjectif "féminisé" pour les valeurs de solidarité, d'écoute, de réciprocité, de désintéressement, etc., est justifié par l'importance de leur expression dans le rôle maternel. Mais il faut remarquer que cela concerne aussi les valeurs paternelles, tant il est vrai que toute éducation, et de manière privilégiée celle concernant la prime enfance, relève du don.
Et que l'enfant ait besoin, pour grandir, de ces deux sources, cela est vrai. Mais c'est là qu'il faut récuser un dualisme de valeurs opposées.
Les valeurs de repli sur l'espace privé, comme celle de prise de risque dans le monde extérieur sont toutes nécessaires à la vie humaine, et d'ailleurs elles ne sont pas l'apanage de l'un ou l'autre sexe. Simplement, la femme-mère est d'abord en position de privilégier l'aménagement de l'espace privé sécurisé.
Ce qui importe ici c'est la nécessité du don qui concerne aussi bien l'homme que la femme.
Je propose de renoncer à ces déterminations sexualisantes - valeurs féminines/masculines - comme invitant trop aisément les esprits paresseux aux amalgames sexistes.
Car ce sont des valeurs présentes virtuellement chez tous, et plus ou moins favorisées par chacun.
Mais justement la manière ou non de les favoriser est déterminante pour le cours de l'histoire.
Et si l'on condamne le guerrier, pourquoi valoriser l'amazone ?
Et si l'on valorise le désintéressement, pourquoi dévaloriser le rôle de mère ?
L'important, c'est que soit reconnu le rôle du don dans le rapport de l'individu humain à son environnement et à ses congénères.
Nous vivons humainement par ce que l'environnement naturel nous donne, et par ce que nos parents et d'autres adultes nous ont donné.
Le véritable problème est alors l'impérialisme de la valeur d'échange qui élide le don.

lundi, février 21, 2011

Non aux ressources humaines !

Je les entends, les activistes du libéralisme : les "ressources humaines", c'est l'approche enfin rationalisée de la gestion des compétences de chacun.
Ah, ce rêve d'une société de gens qu'on déplace, insère, ou évacue, en fonction des besoins, qu'on intègre de façon transparente dans les courbes et les diagrammes produits par les tableurs de nos ordinateurs !
Fantasme de marchand passionné que celui d'un humain sans au-delà de sa valeur d'échange quantifiable. Fantasme de celui qui a oublié qu'il est né et qu'il a été lancé dans la vie grâce au don, parce que sa vie n'avait d'abord aucune valeur d'échange.
Légèreté de celui qui n'anticipe pas qu'à un moment ou à un autre il faudra bien qu'il attende le don d'autrui, alors que sa vie n'aura plus aucune valeur d'échange.
Grand pitié me font ces individus qui ont acquis un peu de pouvoir dans un champ social particulier et s'appliquent à détruire tout ce qui déborde la pure valeur d'échange quantifiable de l'activité des individus dont ils gèrent le travail. C'est eux-mêmes que le plus sûrement ils appauvrissent.
Qu'ils sachent que même dans l'échange marchand, il est nécessaire qu'il y ait du don.
La bonne transaction est celle en laquelle l'estime mutuelle, la confiance réciproque dans le contrat (que l'on n'a pas besoin de décliner à l'infini en écrit juridique anticipant toutes les défiances), président à la fixation du prix et à l'échange.
Qu'en une entreprise, où les "ressources humaines" ont trop bien réussi à supprimer la part de don dans les interactions entre individus, on se jette par les fenêtres pour sortir du cauchemar, cela est parfaitement prévisible.
C'est ce que je propose d'appeler la "francetélécomisation" d'une entreprise (ou de tout groupe social de travail).
La vie est humaine, c'est-à-dire essentiellement sociale, par le don
C'est par l'échange de dons que, fondamentalement, se construit et s'entretient une société.

Les ressources humaines, plus jamais ! Mais les relations humaines, toujours !