Nous disons, à la suite d'Hannah Arendt, que la vie active de l'homme moderne est caractérisée par l'envahissement du travail-consommation. Celui-ci, commandé non seulement par l'entretien de la vie, mais aussi par une motivation passionnelle, implique prélèvements et déjections sans limites sur l'environnement naturel. Nous défendons la thèse que c'est par l'activisme généralisé engendré par ce phénomène qu'il faut rendre compte de la crise écologique mondiale qui commence.
Dès lors la seule véritable issue ne peut consister qu'en une conversion de l'activité. Il faut retrouver le sens de l'œuvre, c'est-à-dire d'un mode d'activité qui vaille essentiellement pour ce que son produit apporte durablement à la vie collective.
Mais l'œuvre a déjà été politiquement valorisée contre les méfaits du libéralisme, quoique de manière indirecte, par les mouvements fascistes. En effet dans la notion italienne de fascio, comme dans celle, espagnole, de phalange, il y avait l'idée d'une organisation corporative de la vie sociale selon le type d'œuvre produite.
Seulement cette organisation était considérée comme devant prendre place dans une conception de la vie sociale hiérarchisée et intangible. Elle nourrissait un nationalisme, c'est-à-dire qu'elle amenait les individus, non seulement à rester à leur place assignée, mais à défendre l'ensemble "organique" ainsi conçu – la nation – contre tout ce qui pouvait le menacer.
C'est pour cela qu'il est important de rappeler ici le critère d'universalité. Réfléchir politiquement, comme le rappelait Aristote, c'est d'abord "réfléchir sur le Bien et le Juste" (Politiques), autrement dit sur les valeurs finales en fonction desquelles on veut vivre ensemble.
Le critère d'universalité implique que les valeurs choisies en fonction desquelles on veut vivre ensemble doivent valoir universellement, c'est-à-dire que n'importe quel être humain doit pouvoir les faire siennes.
Ce n'est pas le cas des valeurs fascistes puisqu'elles impliquent que tout étranger à ce système corporatif est une menace qu'il faut éliminer.
C'est bien le cas de l'œuvre, comme valeur qu'il faut promouvoir pour remplacer la valeur d'échange couplée au travail-consommation. Tout être humain peut faire œuvre. Mieux, tout être humain a vocation à s'épanouir en faisant œuvre, en toute liberté.
C'est d'ailleurs pour cela que l'œuvre est inséparable de l'action. Cet autre mode d'activité est défini par Arendt comme celui par lequel les hommes organisent leur liberté par des règles communes afin que la vie sociale bénéficie au mieux des œuvres de chacun.
Il faut rappeler ici que travail, œuvre, action, du point de vue d'Arendt, parce qu'ils concernent le sens de l'activité, ne sont pas exclusifs les uns des autres. Une activité peut avoir plusieurs sens. Par exemple, en écrivant cet article, je suis dans l'action (je prends position sur les valeurs de la société) ; mais je fais aussi une œuvre (cet article veut être un petit apport à la culture commune) ; et si j'étais rémunéré pour sa production (ce n'est pas le cas), ce serait aussi du travail.
Dès lors la seule véritable issue ne peut consister qu'en une conversion de l'activité. Il faut retrouver le sens de l'œuvre, c'est-à-dire d'un mode d'activité qui vaille essentiellement pour ce que son produit apporte durablement à la vie collective.
Mais l'œuvre a déjà été politiquement valorisée contre les méfaits du libéralisme, quoique de manière indirecte, par les mouvements fascistes. En effet dans la notion italienne de fascio, comme dans celle, espagnole, de phalange, il y avait l'idée d'une organisation corporative de la vie sociale selon le type d'œuvre produite.
Seulement cette organisation était considérée comme devant prendre place dans une conception de la vie sociale hiérarchisée et intangible. Elle nourrissait un nationalisme, c'est-à-dire qu'elle amenait les individus, non seulement à rester à leur place assignée, mais à défendre l'ensemble "organique" ainsi conçu – la nation – contre tout ce qui pouvait le menacer.
C'est pour cela qu'il est important de rappeler ici le critère d'universalité. Réfléchir politiquement, comme le rappelait Aristote, c'est d'abord "réfléchir sur le Bien et le Juste" (Politiques), autrement dit sur les valeurs finales en fonction desquelles on veut vivre ensemble.
Le critère d'universalité implique que les valeurs choisies en fonction desquelles on veut vivre ensemble doivent valoir universellement, c'est-à-dire que n'importe quel être humain doit pouvoir les faire siennes.
Ce n'est pas le cas des valeurs fascistes puisqu'elles impliquent que tout étranger à ce système corporatif est une menace qu'il faut éliminer.
C'est bien le cas de l'œuvre, comme valeur qu'il faut promouvoir pour remplacer la valeur d'échange couplée au travail-consommation. Tout être humain peut faire œuvre. Mieux, tout être humain a vocation à s'épanouir en faisant œuvre, en toute liberté.
C'est d'ailleurs pour cela que l'œuvre est inséparable de l'action. Cet autre mode d'activité est défini par Arendt comme celui par lequel les hommes organisent leur liberté par des règles communes afin que la vie sociale bénéficie au mieux des œuvres de chacun.
Il faut rappeler ici que travail, œuvre, action, du point de vue d'Arendt, parce qu'ils concernent le sens de l'activité, ne sont pas exclusifs les uns des autres. Une activité peut avoir plusieurs sens. Par exemple, en écrivant cet article, je suis dans l'action (je prends position sur les valeurs de la société) ; mais je fais aussi une œuvre (cet article veut être un petit apport à la culture commune) ; et si j'étais rémunéré pour sa production (ce n'est pas le cas), ce serait aussi du travail.