vendredi, novembre 29, 2013

Misère de l'homme-mesure (suite) : assommer quelqu'un en direct

Il s'est passé quelque chose de particulièrement navrant sur le plateau du "Grand Journal" de Canal+, ce jeudi 28/11 .


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On s'est donc autorisé à assommer un inconnu, en direct, à une heure de grande écoute, simplement pour faire rire.

La scène ne semble pas jouée : comment le spectateur aurait-il évité un geste de protection devant le coup s'il l'eut su venir ? En tous cas, pas le moindre signe de compassion pour la victime. La camera reviendra sur le corps étendu, plus tard, mais ne s'y attardera pas : il faut avancer coûte que coûte vers la nouvelle séquence de divertissement pour continuer à aspirer l'intérêt du public et donc les recettes publicitaires.

Mais l'essentiel est que cela n'apparaisse pas joué. Cela signifie qu'il est tout-à-fait possible d'assommer quelqu'un simplement pour faire rire. Cette possibilité venant de personnes qui sont affichées comme référence pour une vie réussie, elle prend en quelque sorte une valeur exemplaire.
 
Les centaines de milliers d'enfants témoins de la scène ne peuvent qu'y trouver une invitation à utiliser la violence comme simple moyen pour rire. La violence n'est plus une frontière morale infranchissable, elle est une manière de se faire plaisir. Sûr que certains s'en rappelleront dans les cours de récréation ou ailleurs : on peut laisser libre cours à son penchant à la brutalité ... et laisser la victime en souffrance pour se réjouir collectivement.

Bon courage à tous nos instituteurs, et à notre Ministre de l’Éducation, engagés dans une campagne contre la violence à l'école !

Pour l'arrière-plan idéologique qui rend possible une telle dérive on peut lire mon article "Misère de l'homme-mesure".


2 commentaires:

  1. Anonyme6:11 PM

    Je n'ai pas eu le "courage" de faire fonctionner la vidéo, votre titre était suffisamment explicite et je déteste qu'on rit de quelqu'un.
    Par contre je suis prête à faire un procès au nom du "non-respect de l'article 1 de la charte universelle des droits humains" qui demande d'agir dans un esprit de "fraternité".

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  2. Vous avez raison : c'est précisément une infraction flagrante à notre principe républicain de fraternité.
    Il est vrai ce principe est aujourd'hui quasiment asséché par le règne de la valeur marchande.
    Ma conviction : je ne suis, nous ne sommes pas les seuls à vivre comme insupportable ce rire collectif devant cet inconnu assommé. Je pense même que nous sommes une très large majorité des millions de témoins de cette scène.
    Alors, oui : disons-le !
    On peut déjà très aisément le signaler au CSA

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