samedi, octobre 25, 2008

Le blues du responsable de l'avenir de l'humanité.

Ne trouvez-vous pas que c'est un peu lourd tout ça ?
Je veux dire ces phrases édifiantes qui sont balancées sans arrêt en accompagnement des diverses expressions de la prise de conscience de la crise écologique.
"Ne jette pas ton plastique, pense à l'avenir de la planète",
"Tu ne devrais pas utiliser ces piles, ça pollue, pense à l'avenir de l'humanité",
etc.
Mais, saperlipopette, c'est bien la première fois dans l'histoire qu'on enjoint à quiconque d'être "responsable de l'avenir de l'humanité" !
Comme maximisation de la responsabilité on ne peut pas faire mieux !
Ne trouvez-vous pas que ça fait un peu beaucoup pour un apprentissage de la responsabilité quand il s'agit des jeunes générations ?
Grands dieux, ils n'ont pas choisi d'arriver dans un monde où on leur propose toutes ces saloperies.
Être responsable c'est être en capacité de répondre des conséquences ses choix. Être responsable de l'humanité c'est être en capacité de répondre des conséquences pour l'humanité de ses choix.

N'y a-t-il pas une certaine disproportion entre le choix d'un emballage non biodégradable et la conséquence dont on serait censé répondre ?
D'autant plus que c'est un choix qui est souvent assez théorique, puisque l'on met le plus souvent les gens en conditions aussi bien matérielles que psychologiques, d'être induits à faire ces choix.

Par contre ceux qui font les choix qui ont une réelle conséquence pour l'avenir de l'humanité, n'ont pas du tout l'air chargés de cette responsabilité – choisir le camion contre le rail dans les années 70 – ou, à la même époque, l'hyper-commerce contre le commerce de proximité.
Ceux qui ont vraiment le choix parce qu'ils ont le pouvoir, et que ce pouvoir a un impact social et écologique sensible à un niveau global, pourquoi ne parlent-ils pas de leurs responsabilités concernant l'avenir de l'humanité ?

L'inégalité irait-elle jusque-là ? Inégalité face à la loi, certes, nous en découvrons l'ampleur aujourd'hui où l'on s'intéresse aux paradis fiscaux ; mais inégalité dans le sentiment de responsabilité aussi,
ce qui est bien plus grave pour le devenir collectif.

dimanche, octobre 19, 2008

Accident collatéral de la Crise : La logique des caisses-qui-sont-vides heurtée de plein fouet par la logique des produits-dérivés

On n'en revient pas. On est perplexe. Une crise financière qui peut se résoudre en sortant des milliards d'euros, de dollars ? D'où ? D'un chapeau ?...
On est devant un spectacle de magie, yeux rond, bouche bée, interloqués par la force des questions qui se pressent : mais comment vous faîtes ? D'où ça vient ? Qui paie ? Tout cet argent, c'est bien pour notre intérêt ?
On nous répond ... enfin un peu : argent virtuel, ... enfin ... prêté, ... avec des intérêts, ... seulement si nécessaire, ...sera emprunté, ... jeu d'écriture, ... l'État y gagnera, etc.

Eh bien, je suis, nous sommes, nous, l'immense club des interloqués. Ceux qui avaient appris à penser l'économique d'après la paradigme du "contenant-vide-ou-plein". C'est en effet le discours de solide bon sens que l'on a toujours reçu des gestionnaires de l'argent public – ou de nos salaires – lorsque nous nous posions un problème économique : « les caisses sont vides !»(et oui, la thèse opposée, logiquement possible, est rare) . Et nous pensions bêtement que pour posséder une richesse, il fallait qu'elle existe au préalable quelque part.

Et non, nous sommes des imbéciles. On nous servait le discours pour imbéciles. La réalité des finances est bien plus subtile : pas besoin qu'une richesse existe pour l'imputer au crédit d'un bilan.
L'économie capitaliste s'est développée en créant du symbole de possession de richesse (de la monnaie) sur la richesse à venir attendue : voir l'argent-dette.
Et ces fameux produits financiers dérivés, si mystérieux, ne sont que le produit de cette virtualisation de la richesse à un niveau supérieur : voir mon post du 22/09 ci-dessous :Titrisation médiatique.

Vous l'avez compris : nous étions complètement en dehors du coup. Dans les discours sur le rempli ou non des caisses, le caractère virtuel, et même virtuel-puissance-x, de la richesse, nous avait échappé. Nous croyions bêtement que la monnaie n'était que le symbole d'une richesse existante. Et bêtement nous revendiquions : « non, les caisses ne sont pas vides !» comme si c'était un problème. On a dû bien les faire rigoler.

Eux – nous. Il y a peut-être bien deux classes sociales – et il faudrait s'en retourner vers le vieux Marx – dont les deux langages économiques seraient la ligne de démarcation. Le langage de subtilité de ceux qui savent que toute richesse fiduciaire est crédit, et le langage simpliste qui pense que la richesse est dans les biens utilisables dont la monnaie n'est que le symbole.
Il resterait à décrire (Marx encore, mais la théorie de la plus-value ne sera-t-elle pas trop limitée ?) le tour de passe-passe par lequel le premier groupe siphonne la richesse (non virtuelle) produite par l'autre.

Il reste que la crise des représentations de l'économie est réelle pour l'immense majorité. Et, n'est-ce pas, la perplexité et l'étonnement sont toujours salutaires : ils amènent à réfléchir.
Platon : « C'est la vraie marque d'un philosophe que l'étonnement que tu éprouves »

Parle-moi fric, je te dirai d'où tu es.