samedi, janvier 15, 2022

Que le peuple est insondable … et donc qu’il faut s’engager dans la primaire populaire

 « Pour avoir la liberté, il ne faut que la désirer »
Étienne de La Boétie, 1548


Le peuple est insondable.
C’est l’opinion publique qui est sondable.
Qu’est-ce que l’opinion publique ? Ce que mesurent les sondages.
Et que mesurent les sondages ? Une approximation de l’état des jugements de la population concernant les sujets d’intérêt commun à l’instant t.
L’instant t désigne un présent, celui de la réalisation du sondage.
L’opinion publique n’est toujours qu’au présent. Elle n’a aucune portée pour l’avenir.
Tout simplement parce que l’opinion publique ne prend en compte que des réactions. Et la réaction ne veut que rectifier le présent, alors que l’action vise une maîtrise de l’avenir. Je rajoute du sel à ma soupe : réaction. Je décide de manger végétarien un repas sur deux : action.
Le sondeur ne demande jamais au sondé ce qu’il pense. Il veut sa réaction immédiate à la question qui lui est posée. Et cette réaction est rigoureusement encadrée : elle doit cocher une des cases correspondant à un nombre réduit de réponses préformatées, le format le plus fréquent étant le oui/non.
Or, face au sondeur, le citoyen sait que sa réponse à la question impromptue doit être complexe et nuancée. Mais on ne lui laisse pas la possibilité de l’élaborer. Donc il a tendance à réagir selon le moindre risque de mal dire, c’est-à-dire dans le sens du conformisme. Et le conformisme n’est que le dépôt dans les consciences des « vérités » de la mercatocratie (disons « le pouvoir du marché ») telles qu’elles circulent abondamment venant des médias dominants. C’est pourquoi l’on retrouve toujours l’opinion publique alignée sur les idées dominantes présentes.
A contrario, lorsque les citoyens trouvent la possibilité de débattre la manière d’avancer vers le bien commun, que ce soit à l’occasion d’un référendum, d’une convention citoyenne, sur des ronds-points, etc., s’ouvre la possibilité d’un accord des esprits porteur d’avenir car il a valeur de projet politique. Mais alors il ne faut plus parler « opinion publique » mais « voix du peuple ».
Parce qu’elle est réaction, l’opinion publique n’a ni mémoire ni avenir. C’est pourquoi elle est fantasque.
Parce qu’elle est action, la voix du peuple s’appuie sur une réflexion qui embrasse l’ensemble du temps vécu : elle sollicite la mémoire et investit l’avenir dans un présent de débats. C'est pourquoi elle est sage.
Puisque nous voulons que la prochaine présidentielle ouvre à un avenir meilleur, oublions les sondages.
Il apparaît aujourd’hui que la Primaire Populaire, promue par des citoyens qui ne sont pas partie prenante dans la compétition pour le pouvoir, est l’espace le plus approprié pour que se développe un débat populaire sur le bien commun qui nous ouvrirait l’avenir.
Parce qu’elle propose une base intéressante de débat dans son « socle commun » à tous les candidats sélectionnés pour leur volonté affichée de sortir notre société des logiques destructrices du marché.
Parce que son mode de vote, « Le jugement majoritaire », amène à se prononcer relativement aux propositions des candidats, plutôt qu’en les sélectionnant dans leur compétition de personnes.
Engageons-nous dans la Primaire Populaire, car c’est bien à partir de cet engagement que nous prendrons élan pour une véritable expression démocratique lors de ces élections.