mardi, octobre 31, 2023

Sous les bombes


On appelle bombe un dispositif technique créé par l'homme qui constitue un mal potentiel collectif, lequel se concrétise à l’improviste – c’est l’explosion – détruisant de manière indiscriminée et donc générant massivement des victimes innocentes.
Il y a beaucoup de dispositifs techniques humains destructeurs, comme la tapette à souris, l’arbalète, etc. Ce qui caractérise la bombe c’est bien qu‘on ne peut s’en prévenir car on ne la voit pas venir (« improviste »), et l’arbitraire de ses destructions (« indiscriminée »).
Il y a un taux particulièrement élevé de destructions par bombe, aujourd’hui, sur notre planète. C’est ainsi que les bombes explosent de manière répétée sur la bande de Gaza et sur l’Ukraine. Les bombes sont l’arme inhumaine par excellence. Rappelons-nous ce qui est advenu aux habitants d’Hiroshima (Japon) en ce beau matin du 6 août 1945.
Pourtant, il faut remarquer que la définition de la bombe donnée ci-dessus ne la caractérise pas comme une arme : il y a en effet des dispositifs techniques qui n’ont pas été créés pour neutraliser un ennemi, et qui pourtant sont porteurs d’un « effet bombe ». C’est en ce sens que Le Monde numérique propose un article des Décodeurs du 31 octobre 2023,  intitulé :
L’article est édifiant car il pointe très précisément la toute petite minorité d’humains responsables des décisions qui compromettent l’avenir de l’humanité en déréglant le climat.
Aux peuples de faire de ces informations le meilleur usage pour retrouver plus de confiance en leur avenir !
Cependant, il ne faudrait pas que cette enquête salutaire masque une autre bombe à la portée destructrice autrement plus redoutable.
Le problème est celui-ci. Depuis 3/4 de siècle les humains développent une industrie nucléaire de production d’énergie qui génèrent massivement des déchets radioactifs.
La radioactivité est la propriété qu’ont certains matériaux de diffuser, à flux continu, de l’énergie dans leur environnement sous forme de rayonnements. Ces rayonnements sont constitués d’ondes électromagnétiques et de particules atomiques qui sont susceptibles de créer des désordres dans le plus intime de notre physiologie, en particuliers dans les cellules qui codent nos gènes. Or, comme ces rayonnements passent sous le radar de notre sensibilité (lorsqu’ils nous traversent nous ne sentons rien), nous sommes individuellement démunis pour nous en défendre.
Nous avons pu montré que la vie n’a pu s’adapter à la condition aérobie sur la surface de la Terre que très tardivement après l'apparition de la vie aquatique, à partir du moment où la forte radioactivité originelle de notre planète avait suffisamment baissé pour être compatible avec des vivants au patrimoine génétique complexe. Voir notre article Radioactivité et expérience humaine.
Si intervient une rehausse de la radioactivité dans l’atmosphère terrestre, l’espèce humaine, et avec elle les primates et les autres mammifères supérieurs, sera la plus vulnérable à ses effets destructeurs pour le vivant.
Il faut donc absolument confiner tous ces déchets radioactifs de l’industrie nucléaire, spécialement ceux qui sont classés HAVL (Haute Activité à Vie Longue). Or, un des principaux composants de ces déchets est le plutonium 239 qui doit – plutôt qui devrait (comment faire des projets à cette échelle de temps ?) – être confiné pendant 200 000 ans ! Sans compter qu’il faut des systèmes de refroidissement, car l’énergie ainsi contenue engendre de la chaleur.
Or, en 2008, il y avait déjà accumulés 250 000 tonnes de déchets HAVL dans le monde. Ce chiffre a été donné oralement par B. Boullis du « Commissariat à l’énergie atomique » lors d’un colloque en 2009. Qu'en est-il en 2023 ? On ne trouve nulle part de chiffres plus documentés, plus officiels, plus récents –  les responsables de cette industrie ne seraient-ils pas fiers de cette croissance là ?
Or, on n’a toujours aucune solution viable pour entreposer tous ces déchets en des sites de confinement pérenne compatibles avec l’avenir à long terme de l’humanité et de la biosphère.
De même, on est toujours incapable de démanteler une centrale nucléaire ayant cessé son activité pour rendre le site disponible pour les vies humaines à venir.
Ainsi, dans une activité toute récente, certains humains recréent les conditions que notre planète soit potentiellement inapte à la continuation de la vie humaine. Et, voyez-vous, on ne le sent pas... du côté de l'industrie nucléaire, tout à l'air si propre ! Tout laisse à penser que les catastrophes surviendront à l'improviste.
Telle est la « Bombe radioactivité ».

samedi, octobre 14, 2023

Misère de la vengeance


Gaza, après le 7 octobre 2023

La vengeance n'est pas un comportement adulte - nous voulons dire : qui procède de l'âge de raison - il est un  comportement infantile. Il n'est que la réaction vers la satisfaction de voir subir des dommages celui qu'on considère être l'agent de dommages qu'on a subis.

Tout dans ce mode de fonctionnement relève de la puérilité : le diktat de l'émotion, l'évidence magique de la réparation par le dommage causé en retour et la satisfaction qu'elle promet, le court-circuitage de la réflexion, l'urgence vers cette satisfaction "à tout prix". C'est la logique de l'enfant qui a besoin de frapper le coin de la table où il s'est cogné : il se fera peut-être aussi mal (à la main) que lors du premier heurt ... mais il aura la satisfaction de s'être vengé ! Plus tard, il faut le croire, avec l'âge de raison, il réfléchira sur les moyens d'éviter le coin de la table, ... avec beaucoup de commisération pour ses impulsions enfantines.

Il est navrant de voir aujourd'hui, si communément, des responsables politiques incapables de dépasser ce niveau.

Rappelons Hegel : 

"La vengeance n'a pas la forme du droit, mais celle de l'arbitraire, car la partie lésée agit toujours par sentiment ou selon un mobile subjectif. Aussi bien le droit qui prend la forme de la vengeance constituant à son tour une nouvelle offense, n'est senti que comme conduite individuelle et provoque, inexpiablement, à l'infini, de nouvelles vengeances."
                              Propédeutique philosophique", 1809 (trad M. de Gandillac, ed. de Minuit)