Où il est question de métaphysique.
Puisque notre monde est désormais massivement matérialiste et que le matérialisme est une prise de position métaphysique.
Que faut-il penser de ce matérialisme contemporain ? Est-il vraiment soutenable ?
Cézanne : La Nature Morte au Crâne |
La métaphysique (du grec méta = au-delà et phusis
= nature) est le savoir de la réalité sous-jacente qui permet de
rendre compte de cet ensemble de manifestations ordonnées qu’on appelle
la nature.
Ainsi, on doit bien constater que toute notre expérience doit être
partitionnée selon :
- d’une part, les réalités qui sont dans l ‘espace et dans le temps, et qui nous sont données par la perception sensible – ce sont les réalités matérielles ou la matière ;
- d’autre part, les réalités qui n’ont aucune existence spatiale et nous sont données seulement dans le temps et non pas par les sens mais « intérieurement » (dit-on par commodité de langage) – ce sont les réalités spirituelles ou l’esprit.
Le problème métaphysique fondamental consiste alors à se demander :
- si toute réalité est essentiellement matérielle – l’esprit ne serait alors qu’un épiphénomène de la matière : c’est la thèse du matérialisme ;
- ou si toute réalité est essentiellement spirituelle – la matière ne serait alors qu’une construction de l’esprit : c’est la thèse du spiritualisme.
Il existe, bien sûr, aussi la 3ème possibilité logique, la thèse du
dualisme : la réalité est essentiellement esprit et matière, l’esprit
insufflant des formes à la matière informe. Mais cette dernière thèse,
en donnant toute l’efficience à l’esprit – de la matière informe on ne
peut rien dire – peut être ici avantageusement assimilée au
spiritualisme.
L’opinion commune – les idées vers lesquelles on incline
spontanément parce qu’elles sont avalisées et popularisées par les
pouvoirs sociaux – est aujourd’hui matérialiste.
Le matérialisme ambiant
C’est d’abord un matérialisme pratique. Le matérialisme pratique
considère que c’est dans notre rapport aux objets matériels que se joue
la valorisation de notre vie. Il peut s’appuyer sur l’argument que le
plaisir – qui peut être défini comme la satisfaction obtenue au moyen
d’un bien matériel – est l’expérience la plus tangible de ce qui est
bien. Et cela est vrai ! Mais seulement d’un point de vue : celui du
besoin, lequel n’est qu’un des modes possibles du comportement
humain. Le mode du besoin c’est celui en lequel nous sommes en
quête de biens matériels parce qu’ils sont considérés comme une
nécessité pour nous. Le plaisir étant la satisfaction apportée par le
soulagement de la tension liée à la nécessité du besoin. En ce sens,
qui est son sens le plus rigoureux, le plaisir implique toujours un
rapport physique à un bien matériel – ce qu’on appelle aussi sa
consommation. Or, note la philosophe Hannah Arendt, la société
contemporaine est dite de consommation justement parce qu’elle nous
incline à fonctionner sur ce mode. C’est ainsi qu’elle nous fait
accepter de consacrer autant de temps au travail, lequel se définit
comme l’activité nécessaire pour se procurer les biens dont on a
besoin. : « On dit souvent que nous vivons dans une société de
consommateurs et puisque, nous l'avons vu, le travail et la
consommation ne sont que deux stades d'un même processus imposé à
l'homme par la nécessité de la vie, ce n'est qu'une autre façon de dire
que nous vivons dans une société de travailleurs. » – H. Arendt,
La condition de l'homme moderne (1958), chap. III. Mais en nous
comportant ainsi, c’est-à-dire en vivant notre rapport aux objets
matériels comme un rapport de consommation nécessaire pour satisfaire
nos besoins, nous ne nous différencions pas du reste du règne animal.
C’est pourquoi Hannah Arendt ajoute, dans le même passage, que pour
l’homme qui travaille et consomme : « l'emploi du mot “ animal ”
(…) est pleinement justifié. »
Autrement dit, notre matérialisme pratique est une sorte d’éthique
(justification du bien et du mal) primaire qui donne toute la valeur
aux biens matériels parce qu’ils sont jugés nécessaires pour résoudre
nos besoins dans le plaisir – le plaisir étant le souverain bien de la
vie. En cette éthique, qui est spontanément celle des animaux, nous
n’exprimons pas encore notre humanité. Pourtant, c’est bien de cette
éthique que procède, dans la société marchande, la valorisation des
biens matériels. La valeur sociale d’un individu est jugée sur ses
signes extérieurs de richesse, comme autant de possibilités de se faire
plaisir, plutôt que sur ses idées. Et c’est la capacité toujours plus
grande d’acquérir des objets de consommation qui est constamment
proposée comme but allant de soi, indiscutable, de toute vie réussie.
L’individualisme contemporain est un effet de ce matérialisme
pratique, tout simplement parce que le plaisir est un type de
satisfaction ne valant que pour soi. Mais, tout autant, le problème
écologique contemporain – encombrement par les objets, envahissement
par les déchets, pollutions, dangereux déséquilibres de la biosphère –
est l’effet mécanique de ce matérialisme pratique qui pousse à
multiplier la consommation d’objets dans l’espoir d’accéder à un
incertain bien-être. En un monde ainsi matérialiste, semble s’effacer
de l’horizon commun la possibilité de valoriser sa vie par des
satisfactions proprement humaines, telles la satisfaction esthétique,
celle de connaître la vérité, celle de contribuer au bien commun des
hommes, celle de s’accorder, de se comprendre entre humains, etc.
Toutes satisfactions, on le remarquera, dont la nature est
essentiellement spirituelle !
Ce matérialisme contemporain est, en général, non réfléchi puisque
l’environnement médiatique pousse massivement à considérer le plaisir
par consommation d’objets comme la voie exclusive pour vivre vraiment.
Il peut dès lors, chez les individualités pour lesquelles les
circonstances d’éducation n’ont pas permis de réaliser une
socialisation suffisamment consistante, laisser apparaître brutalement
sa nature animale. C’est pourquoi il faut rapporter à ce matérialisme
cette sorte de retour de comportements barbares que notre civilisation
croyait avoir définitivement dépassés, je veux dire cette nouvelle
forme de violence, irréfléchie, aux motifs déclencheurs les plus
futiles, qui se développe dans nos sociétés (jusque dans les
établissements scolaires) depuis le tournant du siècle.
Le matérialisme théorique
Mais notre époque est aussi, comme on peut s’y attendre,
théoriquement matérialiste. Cela se vérifie de manière particulièrement
flagrante en ce qui concerne la connaissance de l’homme. La plus grande
part de l’investissement social pour la recherche anthropologique va
désormais vers les neurosciences : c’est par l’étude du système
nerveux, et tout particulièrement du cerveau, que l’on essaie
d’éclairer la détermination des comportements, l’apparition des
émotions, l’acquisition des connaissances, etc. Corollairement, la
médecine psychologique et psychiatrique soigne de plus en plus par
médication faisant intervenir des molécules qui modifient les processus
neuronaux.
Bien sûr, cette approche matérialiste de la connaissance n’est pas
sans liens avec la matérialisme antique. Les Grecs avaient, en effet,
déjà formulé avec la plus grande clarté la logique d’une conception
matérialiste de la nature. Une telle conception, qu’on trouve déjà chez
Démocrite (V° siècle avant J-C), doit rendre compte de toute la
richesse de la nature uniquement par la matière. Elle ne peut donc que
poser, à l’origine et de toute éternité, une matière disséminée en une
infinité d’infimes particules insécables et de formes variées – les
atomes – en mouvement dans le vide. Elle rend possible ainsi le
devenir. Mais elle doit aussi préciser que ces mouvements sont
totalement aléatoires car nul esprit n’a pu les mettre en ordre. Dès
lors, au long du temps, des atomes vont se rencontrer par pur hasard
et, les lois de la mécaniques s’appliquant à ces rencontres, une chaîne
de conséquences nécessaires s’enclenchera : des atomes de formes
convenantes s’accrocheront pour former une entité plus grande,
d’autres, non convenants se dévieront pour continuer leur course et
rencontrer d’autres atomes avec lesquels ils pourront éventuellement
s’agréger, etc. L’Univers tel que nous le connaissons– dont nous-mêmes
– est le résultat actuel de ce hasard et de cette nécessité appliqués
aux atomes éternels.
Mais « Le hasard et la nécessité »(1970) est
justement le titre du livre écrit par Jacques Monod, prix Nobel de
médecine (en 1965), et on peut dire que ce livre est la formulation de
la métaphysique matérialiste contemporaine à laquelle les scientifiques
se réfèrent le plus volontiers. On comprend qu’il reprend exactement le
cadre du matérialisme antique. Simplement, il l’actualise par les
connaissances scientifiques acquises : les formes des atomes peuvent
être précisément décrites, ainsi que leurs caractères de
compatibilité/incompatibilité pour s’agréger ; l’utilisation de la
génétique et de la théorie de l’évolution permet d’insérer de façon
précise le hasard dans l’apparition et l’évolution du vivant ; etc.
Pourtant ce nouveau matérialisme, contrairement à son prédécesseur
antique, ne produit pas une sagesse, c’est-à-dire une connaissance qui
permette une conduite raisonnée et maîtrisée de son existence.
Démocrite, sachant que, dans ce monde hasardeux, l’homme n’est qu’une
réalité passagère et improbable, préconisait la modestie d’une vie
simple et le détachement, et il se riait de ses contemporains qui
s’agitaient sans cesse dans leur course aux richesses et aux pouvoirs.
Un siècle plus tard, son héritier en matérialisme, Épicure, s’il
affirmait que le critère du bien est le plaisir, précisait cependant
que le bien-être qu’il procure est d’autant plus parfait que l’individu
ne court pas après tous les plaisirs mais est capable de sélectionner
rigoureusement les désirs à satisfaire au moyen de sa raison. Le
matérialisme contemporain n’a pas ces sagesses. Il apporte bien aux
scientifiques la métaphysique dont ils ont besoin pour poursuivre de
manière sereine leurs recherches, mais il laisse leurs résultats à
l’encan des jeux de pouvoir sociaux. Finalement, les sciences
permettent surtout de mettre au point des techniques pour contrôler les
comportements des populations et démultiplier les biens qui seront
objets de leurs besoins. La recherche théorique, et la métaphysique
matérialiste sur laquelle elle s’appuie, se révèlent donc tout à fait
adaptées au matérialisme pratique de la société.
Mais même dans le domaine de la connaissance ce matérialisme actuel
est dans une difficulté majeure à laquelle échappait le matérialisme
antique. Ce dernier peut être qualifié de « naïf » car il n’hésitait
pas à penser l’esprit comme composé d’atomes, et donc pleinement
matériel. Prenant pour modèle les flux d’air produits par la
respiration (c’est pour cela qu’il plaçait volontiers dans la poitrine
le siège de l’âme), il considérait que l’esprit est une matière subtile
dont les atomes sont tels – les plus petits qui soient, parfaitement
ronds et lisses – qu’ils peuvent se déplacer à la vitesse la plus
rapide possible, traverser les corps, etc. Mais la science
contemporaine a fait le deuil de cette homogénéité. Aucun atome à
découvrir dans l’esprit qui est reconnu comme une réalité d’un autre
ordre, capable de transcender la matière comme on le voit en maintes
occurrences, et d’abord dans le phénomène vivant : je décide de lever
mon bras et je le lève. Comment rendre compte de l’émergence de
l’esprit à partir d’atomes en mouvement soumis au hasard et à la
nécessité ? Telle est la grande difficulté sur laquelle bute le
matérialisme.
L’appel aux notions d’« émergence » – de nouvelles qualités
émergent, dans certaines structures matérielles en certaines
conditions, qui ne sont pas réductibles aux qualités des composants
matériels (pas de causalité assignable) – ou de « téléonomie » –
analyser une structure matérielle en se donnant la règle qu’elle
poursuit un projet– ne sont finalement que des manières de nommer le
problème sans le résoudre. D'autre part, la théorie de l’évolution, qui
s’appuie sur le hasard des mutations biologiques et la nécessité de la
sélection naturelle, recèle de graves insuffisances. L’œil est un
appareil de captage d’images finement et ingénieusement constitué : on
n’a jamais trouvé dans la nature, vivante ou fossilisée, d’autres
organes pour cette fonction qui auraient témoigné d’une transition
évolutive vers cet organe ; nulle part il n’existe de « sous-yeux » en
lesquels le hasard aurait avancé, au-delà de la simple matière
lumino-sensible, sur la voie de la vision ; on ne connaît que des yeux
parfaitement finalisés.
D'ailleurs, apparemment sans s’en rendre compte, Jacques Monod
échoue dans son dessein de reconstituer le vivant uniquement par le
hasard et la nécessité. Certes, il proclame haut et fort : « … que le
hasard seul est à la source de toute nouveauté, de toute création dans
la biosphère. Le hasard pur, le seul hasard, liberté absolue mais
aveugle, à la racine même du prodigieux édifice de l'évolution, cette
notion centrale de la biologie moderne n'est plus aujourd'hui une
hypothèse, parmi d'autres possibles ou au moins concevables. Elle est
la seule concevable, comme seule compatible avec les faits
d'observation et d'expérience. » (Le hasard et la nécessité, 1970).
Mais lorsqu’il essaie de rendre compte de la constitution de la plus
simple unité vivante (le virus), il écrit (p. 101) : « Il y a
apparition d’ordre, différenciation structurale, acquisition de
fonctions à partir d’un mélange désordonné de molécules
individuellement dépourvues de toute activité, de toute propriété
fonctionnelle intrinsèque autre que de reconnaître les partenaires avec
lesquels ils vont constituer la structure. » Mais Jacques, ces
molécules capables de « reconnaître les partenaires », n’est-ce
pas la négation même du hasard ? Mieux ! On ne reconnaît un partenaire
qu’en fonction du savoir qu’il est bon pour soi. Les molécules «
dépourvues de toute activité, de toute propriété fonctionnelle
intrinsèque » ont quand même le savoir de ce qui est bien pour elles.
Il y a de l’esprit en elles ! Ajoutons que l’autonomie d’un système
matériel dans la position et la poursuite de son but – ce qu’on appelle
sa « finalité immanente » – est une bonne définition du vivant. Les
molécules en question apparaissent comme déjà vivantes !
Monod échoue à déduire le vivant du hasard et de la nécessité de la
matière. Pourtant son livre est une référence comme expression
exemplaire de la métaphysique de la science. Cela n’est-il pas
symptomatique du caractère intenable du matérialisme théorique
contemporain dès lors qu’on essaie de le réfléchir de manière un peu
rigoureuse ? Faut-il alors se replier sur la thèse audacieuse du
matérialisme antique en espérant mettre la main, un jour, sur ces
particules extraordinairement subtiles qui constitueraient la « matière
» de l’esprit ?
Mais soyons conséquents ! Cette affirmation que « même l’esprit est
matériel » est une thèse théorique que le matérialiste doit expliquer
comme effet de mouvements d’atomes de son esprit. Mais de cette
dernière explication il doit aussi rendre compte … et ainsi à
l’infini. Autrement dit, l’acte de l’esprit précédant toujours
son interprétation matérialiste, il ne pourra jamais être rattrapé par
elle. L’explication matérialiste de l’esprit sera toujours
insuffisante. Il est impossible de réduire l’esprit à la matière car,
de fait, l’esprit transcende toujours la matière.
* * *
Au fond, tous les hommes ont une affinité profonde avec le
matérialisme. Leur première expérience du monde n’a-t-elle pas été
celle d’une reconnaissance des biens matériels en fonction des
possibilités de plaisir ou déplaisir qu’ils présentaient ? C’est
pourquoi les thuriféraires du matérialisme reçoivent si facilement un
bon accueil. Mais après, c’est une toute autre affaire pour eux de
développer leur doctrine de manière un peu conséquente (par exemple, et
en reconnaissant être un peu cavalier, on peut juger que le
matérialisme de Comte-Sponville n’est pas vraiment assumé, tandis que
celui de Onfray vaut surtout comme posture d’opposition à des formes de
spiritualisme depuis longtemps critiquées). C’est pourquoi aussi le
matérialisme pratique ambiant s’accommode si volontiers de
l’irréflexion. C’est pourquoi encore les scientifiques s’adossent avec
une telle bonne volonté à la métaphysique du hasard et de la nécessité
en toute inconscience de ses apories. Il faut donc reconnaître un
aveuglement global de l’homme contemporain quant à sa métaphysique,
c’est-à-dire une incapacité à rendre compte de ses choix de
comportements par une compréhension profonde de ce qu’est la nature en
laquelle il agit. Cette incapacité doit être rapportée aux problèmes
écologiques et sociaux majeurs qui s’annoncent. L’homme contemporain
peut-il encore se contenter d’être un matérialiste inconséquent ? Pour
retrouver une confiance en son avenir, n’est-ce pas jusqu'au niveau
métaphysique qu’il doit questionner son savoir, et se poser à nouveaux
frais la question de la place de l’esprit dans la nature ?
Pourquoi éliminer d'emblée la thèse du dualisme ?
RépondreSupprimerOpposer matière et esprit ne conduit-il pas à deux impasses réductrices : le matérialisme et le spiritualisme ? Deux conceptions irréconciliables du monde qui ont conduit à nombre de totalitarismes.
Pourquoi vouloir aussi réduire le dualisme à la domination de l'esprit et ainsi l'assimiler au spiritualisme ?
Kant, me semble-t-il, a introduit un moyen de sortir de cette contradiction : le phénomène, c'est à dire l'interaction dialectique entre objet et sujet, entre matière et esprit. Kant affirme que les phénomènes sont réels. Popper va plus loin : pour lui la science fait partie de la réalité.
Si on pousse la discussion un peu plus loin, apparaît la question de l'émergence de la conscience : comment un objet devient-il un sujet ?
Et la question suivante posée par Darwin et par Monod : "L'homme est-il contingent ?" Question à laquelle il répondent oui.
Ils y répondent oui, car ayant découvert une part des mécanismes qui permettent de comprendre l'évolution du vivant, et n'y ayant découvert aucun dessein, aucun plan, ils appliquent le rasoir d'Occam, principe qui énonce : « les hypothèses suffisantes les plus simples sont les plus vraisemblables » et généralisent ceci à l'émergence de la conscience chez les êtres vivants.
C'est vrai, j'élimine la thèse du dualisme un peu rapidement; mais je le fais parce que l'histoire de la pensée montre que l'on n'arrive pas à tenir le dualisme.
RépondreSupprimerMême Spinoza - après avoir affirmé que matière et esprit sont les deux attributs par lesquels Dieu s'exprime (pour les hommes) - reconnaît que le salut de l'homme est exclusivement dans la connaissance : c'est au niveau de l'esprit que, finalement, tout se joue !
Pour Kant la réalité, ce sont les phénomènes. Mais les phénomènes ne nous disent rien de la nature ultime de la réalité - de la "chose en soi". Les phénomènes sont "matière" et "forme" au sens où la matière est l'élément passif de notre intuition des choses (ce qui est déterminé et dont on ne peut rien dire de plus), et la forme, l'élément actif, ce qui détermine, et qui s'explicite comme la saisie dans le temps et l'espace, et selon les catégories.
la question de l'émergence de la conscience, ainsi posée (c'est-à-dire en présupposant d'abord une matière sans conscience) est à jamais insoluble. C'est donc une mauvaise question.
La contingence n'est pas un preuve pour le matérialisme, elle indique simplement qu'il y a du "jeu" dans la nature.
Le rasoir d'Ockham, oui, mais attention à ne pas se couper l'oreille : l'hypothèse qu'un système de signification tel que le code génétique (rapport réglé entre signifiants - les radicaux moléculaires - et signifiés - les caractères génétiques) soit le résultat du hasard n'est peut-être pas la plus simple et la plus vraisemblable