Dans la marge des discours martiaux consécutifs aux attentats de Paris
Être humain ne nous est pas dû.
L’humanité ne nous est pas donnée à la naissance. La chevalinité est d’emblée manifeste chez le poulain ou la caprinité chez le chevreau. Le nouveau né de l’homme n’est manifestement pas humain, plutôt un drôle de petit animal qui semble bien problématique dans sa nudité et sa vulnérabilité braillarde.
Nous ne naissons pas humain, nous le devenons. Et nous avons besoin des autres, de leurs longs soins, de leur durable attention, de leur constante confiance, pour le devenir, et pour le rester.
Dans l’évolution de la biosphère, l’espèce humaine est sans doute le résultat improbable de la quête aventureuse d’une poignée de primates essayant de survivre à la perte de leur abri forestier. L’humanité est tout autant une longue et difficile conquête pour chaque individu qu’elle l’a été pour ses plus lointains parents qui se sont aventurés dans la savane.
Le petit de l’animal peut avoir besoin de quelques apprentissages, et cela se passe très simplement en étant guidé par l’instinct. Seul le petit de l’homme a besoin d’une éducation, qui lui prend notablement toute une première partie de sa vie, et qui, sans doute, n’est jamais complètement terminée. Car s’éduquer n’est rien d’autre qu’avancer en humanité. Et l’éducation, parce qu’elle est hors du domaine de l’instinct, ne va jamais de soi. Il faut la réfléchir et il faut l’adapter, car elle doit être modulée en fonction de chacun, mais aussi en fonction du milieu culturel et du milieu social particulier.
Il faut avoir conscience que l’humain reste toujours une conquête fragile. Nous avons appris au siècle dernier comment des sociétés humaines, parfois héritières de cultures riches et raffinées, peuvent délibérément se détourner de leur humanité et verser dans des comportements systématiquement, effroyablement, inhumains.
Nous avons espéré pouvoir enfermer définitivement de tels comportements dans notre mémoire comme ce qu’il fallait prévenir à tout prix : la possibilité de l’effondrement de ce qui peut donner sens à notre existence d’êtres humains.
Mais qu’est-ce qui fait le sens d’une existence humaine ? Il y a bien des choses en lesquelles l’homme reconnaît ce qui fait la valeur de son existence et qui le rend humainement heureux : tout ce qui va dans le sens de la maîtrise de la langue, de l’exercice de la raison, des accords de la vie sociale et qui se décline aussi bien dans la reconnaissance d’autrui, dans les œuvres de la culture, que dans progrès vers la justice ! Mais s’il fallait, d’une proposition, aller au plus simple, au plus primordial, nous dirions : c’est la confiance a priori en l’autre homme[1] – en tout autre humain – et donc en l’humanité. Cette confiance a deux racines. Une dans notre vécu le plus enfoui – la confiance sans failles accordée par une mère au devenir humain de son enfant, confiance qui restera le foyer permanent de son infini intérêt à vivre. L’autre dans notre vécu présent – à chaque fois que nous réfléchissons pour choisir le bon comportement, nous nous appuyons sur la raison, c’est-à-dire que, virtuellement, nous prenons à témoin tout autre être humain de la valeur de la justification de notre choix, parce que tout autre être humain, partageant avec nous la raison, peut être raisonnable comme nous essayons de l’être. Raisonner ses choix est toujours faire acte de confiance en l’humanité !
Dès lors ne serait-il pas pertinent de définir l’inhumanité par les comportements qui attentent à la confiance a priori en autrui ?
Et la pire inhumanité ne serait-elle pas dans les comportements les plus dommageables pour cette confiance en l’humanité ? Le chef de camp de concentration nazi qui se détend chaque matin en sortant son arme pour tirer sur un interné visé au hasard, et qui, l’après-midi, organise le passage d’une foule à la chambre à gaz. Mais aussi le djihadiste qui, ce vendredi de novembre à Paris, avec la facilité de la simple pression d’un doigt sur un levier d’un appareil technique assez sommaire – une kalachnikov – arrose au hasard de balles mortelles une foule d’individus réunis en confiance pour partager une expérience musicale – ou attablés à la terrasse d’un bar pour partager, dans la vie sociale de la cité, une belle soirée d’été indien.
Oui, l’humain est vraiment fragile ! Fragile comme ces flammes de bougies que d’innombrables femmes, hommes et enfants ont déposées près des lieux de ces massacres.
Car on voit bien comment, dès le lendemain des attentats de vendredi, s’est levé un grand vent de propagation de l’inhumanité.
L’inhumanité est dans les discours guerriers, l’inhumanité est dans les actes guerriers. Car la guerre est toujours pourvoyeuse d’inhumanité. On aura beau dire, on aura beau ne pas nous montrer les images, on le sait tous : la guerre toujours frappe des innocents, des gens – l’immense majorité – qui essaient simplement de vivre, de vivre humainement, de préserver la petite flamme d’humanité autour d’eux. Même s’ils vivent – surtout s’ils vivent – sous la tyrannie d’un « État » islamiste particulièrement cruel et qu’ils n’ont jamais choisi. Comme l’immense majorité des trois ou quatre cent mille habitants de Racca en Syrie.
La guerre est inhumaine parce qu’elle est une technique de destruction d’êtres humains. Et elle est d’autant plus inhumaine que les moyens techniques sont plus perfectionnés dans leur capacité destructrice, car alors l’outil technique fait d’autant plus écran entre l’homme et l’homme, éloignant la possibilité du contrôle des rapports de confiance/défiance entre eux.
C’est pourquoi les bombardements massifs, français et russes, sur Racca, aujourd’hui, aussi ciblés qu’ils prétendent être, font nécessairement des victimes innocentes, et sèment la terreur et la désolation dans la population de cette ville, sans nul doute beaucoup plus que chez les djihadistes visés eux-mêmes. Ces derniers on eu le temps de s’y préparer, puisque cette réaction guerrière aux attentats était prévisible et indubitablement intégrée dans leur plan.
Nos dirigeants ne voient-ils pas que toutes les guerres d’intervention qui se sont succédées au Moyen Orient ces dernières décennies (la confrontation de l’URSS et des Américains en Afghanistan dans les années 80, puis l’intervention occidentale en Afghanistan, et l’invasion américaine de Iraq) n’ont pas réduit l’islamisme agressif, mais ont eu pour effet constant de le faire prospérer ?
Nos dirigeants ne comprennent-ils pas qu’il est de l’intérêt des djihadistes d’induire des comportements massifs d’inhumanité de la part des Occidentaux car c’est le meilleur moyen d’accréditer leur propagande et de récolter des affidés ? Leur sens de l’humain serait-il à ce point occulté qu’ils n’aient pas l’intuition que dans la désolation que laisse le passage de leurs bombardiers les gens puissent être tentés de rechercher dans l’adhésion à la secte islamiste les relations de confiance nécessaires pour avoir la force de continuer à vivre ?
Seulement il est clair que cette confiance sera alors intrinsèquement particulière, qu’elle ne pourra valoir que pour les membres de la secte dans la mesure ou elle sera en même temps rejet de tout ceux qui n’en font pas partie, lesquels, du coup, ne seront plus considérés comme authentiquement humains. Il ne s’agit donc plus d’une confiance en l’humanité. La confiance intérieure au groupe sectaire est plutôt une confiance d’inhumanité.
Ne voit-on pas que les vociférations guerrières tout azimut de nos politiques nous mettent collectivement dans une posture de vengeance ? A-t-on oublié que la logique des comportements de vengeance est la ligne la plus noire des lézardes qui peuvent se dessiner dans notre humanité ? Comme l’explique Hegel « la vengeance n'a pas la forme du droit, mais celle de l'arbitraire, car la partie lésée agit toujours par sentiment ou selon un mobile subjectif. Aussi bien le droit qui prend la forme de la vengeance constituant à son tour une nouvelle offense, n'est senti que comme conduite individuelle et provoque, inexpiablement, à l'infini, de nouvelles vengeances. » (Propédeutique philosophique, 1809).
Un désir de vengeance accompagne nécessairement le traumatisme d’attentats tels ceux de ce vendredi de novembre. Mais, comme tout désir, il peut être réfléchi, évalué et rejeté. Les politiques sous-estiment grandement leurs concitoyens s’ils espèrent se valoriser électoralement en flattant, par des discours martiaux et des actes de guerre, un tel désir de vengeance. Comme ils l’avaient déjà montré en janvier dernier, les français sont souvent bien au-delà de ce sentiment de vengeance qu’ils pressentent comme n’apportant aucun avenir humain. Ils se montrent capables d’initiatives qui vont dans le sens du renforcement de la confiance en l’humanité, par exemple, aujourd’hui, en multipliant les occasions de rassemblements sans exclusive, dans leurs différences, et ceci malgré leur peur. Il semble bien qu’ils savent encore se faire peuple comme ils ont su le faire en d’autres moments cruciaux du passé. Ce que la société attend de ses dirigeants politiques ne serait-il pas, plutôt que des gesticulations bêtement vengeresses, qu’ils leur indiquent des buts d’avenir qui puissent être rationnellement justifiés ?
En réalité, si l’on s’en tient aux faits, il n’y a nulle guerre à faire, il s’agit de résoudre un problème critique de police à court terme, et un grave problème de vie sociale à long terme.
Le problème de police vise à éteindre la violence. Il s’agit de mettre hors d’état de nuire quelques groupes armés très restreints qui projettent des attentats. Il faut faire attention quand même à la multiplication de descentes de police nocturne, hors de tout contrôle judiciaire, qu’autorise l’état d’urgence. Faites sans suffisamment de discernement, elles peuvent casser la confiance en la société dans des milieux sociaux fragiles, et devenir ainsi contre-productives.
Il s’agit d’autre part de surveiller en les accompagnant, les personnes qui sont en situation de verser dans l’action fanatique – nous disons bien « en les accompagnant » parce qu’il ne s’agit pas de les condamner à des peines qui ne devraient relever que de l’autorité judiciaire (emprisonnement, bracelet électronique, etc. ) sur des intentions qu’on leur prête ; ce n’est pas en piétinant les valeurs que l’on proclame que l’on peut espérer les faire reconnaître ! Et d’ailleurs la seule bonne perspective d’avenir est bien de reconstruire l’humain en ces jeunes en dérive : retrouver confiance en la société et, à travers elle, en l’humanité. Bien sûr qu’il faudra y mettre des moyens, et surtout des moyens humains, mais, nonobstant la lourde rhétorique sur la crise, la France est un pays riche. Et qui dira que cela ne vaut pas l’investissement ?
Par ailleurs, on est bien obligé d’inférer, derrière de si nombreux jeunes, souvent encore adolescents, en dérive djihadiste, une forte détermination sociale. Quels sont ces facteurs sociaux qui décollent ainsi ces jeunes de leur humanité ? On peut les repérer selon trois niveaux.
Il y a d’abord un déficit de considération sociale dont souffre une part importante de la population. Le phénomène patent qui manifeste cette déconsidération est le processus de ghettoïsation de nombreux quartiers urbains au long de ces trois dernières décennies. Cela signifie que se sont développés, dans la société française, des germes d’inhumanité : des catégories de population, souvent sur une base raciste, n’ont plus voulu se reconnaître humainement (ne se sont plus fait confiance a priori) et se sont disjointes spatialement. Et ce sont ces quartiers qui ont le plus souffert du désinvestissement de l’État concernant les services publics. Cela signifie qu’être issu de ces quartiers représente souvent aujourd’hui un handicap rédhibitoire pour accéder à une place valorisante dans la vie sociale. Dès lors le salut, en terme de reconnaissance sociale, ne semble possible, à beaucoup de jeunes, qu’à l’intérieur du quartier. D’où une entrée dans la vie sociale qui passe soit par la participation à un gang développant une économie illicite (trafic de drogues ou de marchandises volées), soit par affiliation à une communauté religieuse à tendance sectaire (mouvement islamiste). Mais toujours ce type de socialisation se construit sur le rejet du reste de la société ; autrement dit il cristallise une idéologie d’inhumanité en ce qu’elle justifie l'hostilité a priori contre celui qui vient de l’extérieur.
Il y a ensuite un déficit d’éducation. Ce qui psychologiquement signifie une impossibilité de trouver, dans ses relations sociales, quelque adulte, dont la valeur est reconnue par la société, en lequel placer sa confiance. L’accès à une forme de vie sociale par orgie d’écrans – télévision, jeux vidéos, smartphone – est une déclinaison de ce déficit (les modèles fantasmés plutôt que les personnes réelles). Les quartiers ghettos des grandes villes ne sont pas ici seuls en cause, il y a bien d’autres zones géographiques délaissées parce qu’inintéressantes à être connectées aux grands flux marchands requis par la mondialisation, avec leur villes moyennes en déshérence, par la disparition des agriculteurs, la fermetures des usines, puis un à un, des commerces. Là aussi l’adhésion à une croyance collective se soustrayant de la société commune pour l’incriminer sans appel, autrement dit une croyance sectaire, peut apporter une reconnaissance à un jeune qui ne voit pas d’autre alternative pour ne pas se sentir inexorablement dévalorisé d’appartenir à la catégorie des perdants.
Il y a enfin, plus largement, un problème de culture. On doit reconnaître que l’inhumanité sourd également de la culture contemporaine qui tend à se mondialiser à partir de ses racines occidentales. Par essence la culture rassemble, conserve et transmet les œuvres humaines qui sont reconnues par les hommes comme manifestant la valeur de leur liberté. Elle transforme l’environnement naturel, souvent hostile, toujours dangereux, en un monde humain habitable, c’est-à-dire qui donne une base de confiance pour exister. La culture est donc toujours, par le fait même qu’elle existe, un facteur d’humanisation. Elle manifeste la valeur de l’humanité aux yeux de chacun, même quand il s’agit d’une culture fort éloignée, comme on l’a vu lors des récentes destructions des temples multimillénaires de Palmyre par les islamistes de Daech, qui ont été vécues de par le monde comme une perte pour l’humanité.
Il y a deux phénomènes concomitants qu’il faut prendre en compte pour juger de la valeur de la culture contemporaine. D’une part, la mondialisation des valeurs culturelles occidentales s’est toujours accompagnée d’une destruction des cultures populaires particulières, lesquelles sont toujours assez autonomes par rapport aux valeurs culturelles propagées par les classes dominantes. La culture que développe un peuple indépendamment des puissants qui prétendent le contrôler, essentiellement de support oral, permet à l’individu de rattacher son existence à une histoire particulière qui donne beaucoup de sens à son sentiment d’appartenir à l’humanité. De plus cette culture nourrit une sagesse proprement populaire qui garde de toute dérive vers des idéologies extrémistes.
D’autre part, la culture occidentale, dont le fond étaient l’universalisme de la raison et des droits de la personne, la liberté individuelle et la démocratie, s’est transformée, sous la pression des intérêts marchands qui ont pris le contrôle des sociétés occidentales à partir de la fin du XVIIIème siècle, en une culture de masse individualiste et hédoniste qui promeut la performance individuelle et la compétition, l’enrichissement personnel et la primauté de l’apparence[2]. Le problème est que, finalement, ces valeurs de la culture de masse rabattent les perspectives de l’existence du côté de l’animalité. Le monde animal n’est-il pas lui aussi guidé par la recherche du plaisir (hédonisme), et la compétition n’y est-elle pas omniprésente ? De plus le schéma de vie travail/consommation, qui est censé réaliser ces valeurs de la culture de masse, est tout-à-fait congruent aux comportements animaux[3].
Finalement, les valeurs culturelles en fonction desquelles les jeunes sont supposés vouloir trouver leur place dans la société sont aujourd’hui incohérentes : elles les magnifient comme des personnes dont il faut absolument respecter les droits, et les amènent pourtant à privilégier des comportements qui relèvent de l’animalité. Cette contradiction se manifeste constamment dans la vie sociale contemporaine. Il y a l'omniprésente publicité qui méprise le discours et la raison, alors que ceux-ci ont été valorisés à l’école ; il y a la démocratie qui donne le pouvoir au peuple, alors que sa mise en pratique est configurée afin qu’il soit détourné du débat et appâté par les images et les sentiments ; il y a l’espace public laïcisé pour préserver la liberté d’opinion, alors qu’on le laisse être envahi de slogans qui assènent sur tous les tons l’idéal d’un bonheur par consommation de biens ; etc…
On comprend que le jeune, s’il est dans les conditions d’avoir peu d’espoir d’occuper un jour une place de responsabilité en laquelle il pourrait exprimer sa valeur humaine, rechigne à aller vers la vie de simple travailleur/consommateur que la société lui réserve. Lorsqu’il prend en outre conscience que les valeurs que l’on invoque pour le convaincre de la supériorité de cette culture ne correspondent pas du tout au type de vie qu’elle va lui imposer, il se retrouve face à un non sens en tant qu’il se projette comme adulte. Et ce non sens est rendu encore plus rédhibitoire s’il prend conscience des problèmes écologiques qui commencent à s’imposer du fait de l’incapacité de cette société mondialisée à se déprendre de son activisme frénétique dans la production et la destruction de biens.
Bref, il y a une base de non sens propre à la culture contemporaine de la société marchande mondialisée qui joue comme tâche de fond, difficilement évaluable, mais sans doute très importante, dans le développement des comportements inhumains : un jeune qui ne trouve pas une perspective d’avenir qui ait du sens peut effectivement répondre avec gratitude à une offre de prêt-à-penser d’une organisation sectaire de croyance collective qui le convainc que sa vie y trouvera son sens.
* * *
Parce que l’humain est fragile, les dirigeants politiques doivent être extrêmement précautionneux avant de tenir des discours martiaux. Lorsque la société est agressée, ils doivent avoir la sagesse de contribuer à surmonter le désir de vengeance.
Parce que l’humain est fragile, les gouvernants ne doivent pas réagir à des attentats terroristes en lâchant des bombes sur un territoire éloigné, pauvre, et dont la population est déjà martyrisée par la guerre.
Parce que l’humain est fragile, il convient que les forces de police, même dotées de pouvoirs exceptionnels, mènent leur mission de sécurité avec discernement pour ne pas reconduire plus de menaces qu’elles n’en écartent.
Parce que l’humain est fragile, les services publics doivent surveiller les jeunes à risque, non pas en les enfermant, mais en les accompagnant vers les conditions qui leur permettront de reconstruire leur humanité. Et le gouvernement doit prioritairement consacrer les moyens de l’État à cette tâche.
Parce que l’humain est fragile, la société ne doit pas accepter la formation de ghettos. Ce qui l’oblige à examiner la manière dont elle a négligé son principe proclamé de fraternité, et en quoi elle doit se réformer pour le réactualiser.
Parce que l’humain est fragile, la puissance publique doit tout spécialement investir en éducation – en éducateurs spécialisés tout autant qu’en professeurs – dans les zones déclassées où le tissu social se délite.
Parce que l’humain est fragile, la société doit respecter les cultures populaires. Cela suppose au moins que l’État impose des règles qui limitent les pratiques marchandes intrusives.
Parce que l’humain est fragile, la société doit mettre en accord ses pratiques – sa manière de fonctionner – avec ses principes. Ce qui implique une réforme politique : la restauration d’une démocratie vivante sur laquelle pourra s’appuyer une puissance politique suffisamment forte pour subordonner les intérêts marchands à l’intérêt public.
[1] Cette notion de "confiance" est examinée plus précisément dans mon article Pour une diététique de la croyance.
[2] Voir en particuliers les ouvrages de Lasch, La culture du narcissisme (1979), d’Ehrenberg, Le culte de la performance (1991), de Castoriadis, La montée de l’insignifiance (1996).
[3] Voir en particulier Hannah Arendt, La condition de l'homme moderne (1958), chap. III : Le travail.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire