– L’anti-somnambulique (a-s) : S’il fallait
donner un mot d’ordre pour le temps présent – je veux dire ce temps du
reflux du souci du bien commun face à la surenchère des intérêts
particuliers à court terme – ce mot d’ordre serait : « Réinvestir
l’avenir ! »
– L’interlocuteur : Surprenant, ce mot d’ordre.
Je pensais que notre société moderne, par contraste avec les sociétés
traditionnelles, était systématiquement tournée vers l’avenir !
– (a-s) : Si tu te poses le problème de renouveler ton
salon, tu te tournes vers l’avenir, n’est-ce pas ?
– Évidemment !
– (a-s) : Et il en est de même si tu te poses la
question : faut-il sortir d’une société boulimique d’énergie
artificielle ?
– Oui, bien sûr !… Mais c’est quand même très différent !
– (a-s) : Oui ! Et en quoi consiste cette différence ?
– L’un vise l’avenir à court terme, l’autre à long terme.
– (a-s) : Certes ! Mais, n’y a-t-il pas une différence
plus essentielle ? Imaginons , par exemple, une réunion familiale :
aborder le sujet du salon sera rassembleur ; par contre ouvrir une
discussion sur l’usage de l’énergie artificielle suscitera des
comportements de gêne comme si cela était saugrenu, inconvenant.
– Oui, tu as raison : c’est bien cela qui se passe.
C’est étonnant ! Le choix des sources d’approvisionnement en énergie
artificielle est pourtant un vrai sujet d’avenir ! D’un côté, continuer
dans les énergies fossiles et voir les manifestations du dérèglement
climatique empirer. De l’autre, développer l’électricité d’origine
atomique
[1], et démultiplier la
production des déchets radioactifs HAVL dont la planète est déjà
encombrée de centaines de milliers de tonnes, et donc compromettre
l’habitabilité de la planète pour nos enfants.
[2]
– (a-s) : C’est bien que tu dises ces choses. On n’en
parle pas ! Et y a-t-il quoi que ce soit d’autre qui conditionnerait
plus que les déchets radioactifs l’avenir de l’humanité ? On n’a toujours pas trouvé de
solution pérenne pour s’en préserver pendant des dizaines de milliers d’années !
– C’est une vraie question … Pourtant tu ne peux pas
dire qu’on n’en parle pas. On parle des choix énergétiques, même si ce
n’est pas dans les salons ou aux comptoirs des bars.
– (a-s) : Soit ! Mais comment en parle-t-on ? En
parle-t-on du point de vue de l’avenir des générations humaines comme
tu l’as fait ?
– Pas que je sache ! J’en entends toujours parler du
point de vue des besoins énergétiques à pourvoir du fait de la
nécessité de sortir des énergies fossiles.
– (a-s) : Est-ce cela, selon toi, investir l’avenir ?
– Il me semble, puisqu’il s’agit d’éviter un dérèglement
climatique qui menace notre avenir.
– (a-s) : Tu n’en es pas tout-à-fait sûr ! N’est-ce pas
parce que l’avenir dont il est question, dans ce projet de décarboner
l’énergie artificielle, n’est que la continuation du présent moins les
inconvénients qu’il génère ? Au fond n’est-ce pas dans ce même rapport
à l’avenir qu’on envisage de renouveler son salon ?
– Oui, je crois que je comprends : dans les deux cas
l’avenir ne vaut que pour rectifier ce qui gêne notre présent, tout en
gardant les mêmes principes de vie.
– (a-s) : Très juste ! Alors, il faut admettre qu’il y a
deux manières d’investir le futur :
1) Une
manière qui consiste à réagir aux frustrations du présent pour réduire
ou supprimer ces frustrations dans le plus court délai possible : il en
est ainsi quand on décide de renouveler son salon, ou relancer un
programme de centrales nucléaires (en réduisant, en France, les
procédures de sécurité pour que ça aille plus vite) afin de diminuer le
bilan carbone des activités humaines. C’est ce que j’appelle le courtermisme
: le futur ne sert qu’à ravauder le présent.[3] C’est pourquoi, il faut
toujours faire au plus vite.
2) Une
manière qui consiste à investir l’avenir en fonction du sens que l’on
donne à l’histoire humaine. Et cet investissement implique
nécessairement de penser ce que l'on juge le meilleur et les modalités pour aller vers cet avenir
meilleur. Cela implique de la réflexion et des débats. Il faut prendre son temps pour construire l'avenir !
– Je pense t’avoir compris. Quand tu proposes le mot
d’ordre de « réinvestir l’avenir » tu veux dire
« réinvestir l’avenir de l’humanité ». C’est assurément une
belle ambition. Tout le monde voudrait y souscrire. Mais est-ce bien
réaliste ? N’es-tu pas un peu trop idéaliste ? Tu ne préconises quand
même pas qu’on se prenne la tête avec l’avenir de l’humanité à chaque
rencontre familiale !?
– (a-s) : Non, bien sûr ! Je veux simplement dire que
l’on doit garder une perspective ouverte, même s’il s’agit de petits
projets, comme si cette idée de l’avenir de l’humanité constituait
toujours l’horizon de nos réflexions portant sur le futur. Ce n’est pas
du tout « prise de tête ». Je t’en prie, faisons un peu plus
attention à la présence de notre histoire ! Il est très caractéristique
de notre pays que dans nombre d’agglomérations ayant un passé ouvrier,
restent des établissements de consommation de boissons datant de plus
d’un siècle, souvent à l’origine propriétés communales et gérés
associativement, dont le nom valorise l’investissement de l’avenir –
« Cercle de l’avenir », « Café du
progrès », etc
[4].
Il n’est pas rare de trouver encore à l’intérieur de ces lieux des
emblèmes républicains (drapeaux tricolores, buste de Marianne,
proclamations soigneusement manuscrites, etc.). C’est pour cela
que je parle de
ré-investir l’avenir. Parce que l’avenir
a été dans le passé très investi par le peuple, et cet investissement
était l’espoir dans une évolution positive de l’humanité vers la
concorde et la suffisance de biens pour chacun – ce que désignait alors
clairement le mot
Progrès.
– Oui, mais ça c’est vraiment le passé. Ce n’est plus
possible aujourd’hui ! On sait tout ce que cette croyance dans le
Progrès nous a coûté !
– (a-s) : Oui, je sais que tu penses à l’impasse
écologique en laquelle, aujourd’hui, nous nous sentons piégés à cause
des progrès dans l’exploitation de l’environnement naturel. Mais, dans
les discussions autour d’un verre dans ces établissements, il y a un
siècle, soit assuré que nos ancêtres n’étaient pas obsédés par l’accès
à l’automobile pour tous ; ils se rendaient bien compte que cela
amènerait des conditions de vie infernales. Ils pensaient
essentiellement à une émancipation sociale par laquelle ils se
libéreraient de l’épuisement de leur vitalité au service des intérêts
d’un patron. L’ambivalence qu’on a mise en lumière concernant le
rapport à l’avenir se retrouve dans la notion de progrès. Il y a un
« progrès » courtermiste qui est popularisé par le pouvoir
mercatocratique – celui de tous les affairistes qui s’emploient à
ce que la société soit organisée en fonction de l’extension du marché.
Ce pouvoir veut faire croire que la promesse du progrès est là, à
portée de main, dans l’offre de la dernière nouveauté technique que
l’omniprésent marché agite sous nos yeux pour qu’on l’achète. Mais ce
progrès a sacrément du plomb dans l’aile depuis le début de ce siècle
où il est devenu manifeste qu’il était contradictoire avec la
préservation d’une planète viable.
L’autre progrès[5]
est celui qu’honorent les enseignes centenaires d’établissements de
rencontre autour d’un verre ou d’un plat dont j’ai parlé, mais aussi
celui des discussions enfiévrées entre étudiants qui, le soir, ne
veulent pas se coucher avant d’y voir plus clair sur un monde en lequel
ils pourront pleinement réaliser leur avenir humain. Nos ancêtres au
« Cercle de l’avenir », nos enfants à la cafétéria de la cité
universitaire – et nous pour faire le pont entre eux – seront dans le
même investissement pour une humanité qui évolue vers les conditions
qui lui permettent d’exprimer le meilleur de ce qu’elle peut : c’est
cela le sens humain de l’investissement de l’avenir !
– Qu’elle est douce à entendre ta croyance en une
humanité qui irait vers un avenir heureux. Mais on n’en n’est pas du
tout là ! La réalité, c’est qu’il faut parer aux catastrophes qui
s’annoncent en cascade ! Quitte à être désobligeant, je te le dis :
tout « anti-somnambulique » que tu te proclames, là tu es
dans le rêve !
– (a-s) : Mais le quidam qui s’achète une automobile
surdimensionnée, à la calandre agressive, à la couleur flashy, comme le
marché le lui propose maintenant, s’imaginant ainsi comme réhabilité,
socialement et à ses propres yeux, en utilisant son encombrant et
dispendieux véhicule dans l’espace public, n’est-il pas encore plus
sûrement dans le rêve ? Car en mercatocratie, la consommation sans
cesse à renouveler, incessante, n’est-elle pas délibérément tirée par
les rêves que suscitent les multiples messages publicitaires qui nous
assaillent ?
– Oui, c’est vrai, la société de consommation ne
fonctionne qu’en faisant rêver. C’est ce à quoi servent les énormes
budgets publicitaires.
– (a-s) : Faut-il pour autant condamner notre propension
à rêver d’un avenir collectif heureux ? J’affirme que non ! Quitte à
rêver, que l’on rêve pour l’ensemble de l’humanité et non pour sa pomme
au plus court de l’objet offert à l’achat ! C’est le sens de mon
invitation à réinvestir l’avenir. Contre les thuriféraires de
l’effondrement, je pense qu’il faut continuer (ou se remettre) à
croire, comme nos aïeux, à un progrès vers un bonheur futur de
l’humanité.
– Là tu me surprends ! Ce n’est pas à toi que
j’apprendrai la leçon de Kant : « le bonheur est un idéal, non de
la raison, mais de l'imagination », et qu’en conséquence on ne
saurait « déterminer d'une façon sûre et générale quelle action
peut favoriser le bonheur d'un être raisonnable »
[6]. Autrement dit, tu peux
bien inviter les gens à rêver d’un bonheur futur de l’humanité, ce sera
toujours vain ! Car on ne pourra jamais en tirer un chemin politique
qui y mène. Ceux qui ont cru pouvoir le faire, comme les
marxistes-léninistes qui, au siècle dernier, ayant acquis le pouvoir
politique, ont voulu imposer aux peuples un chemin obligé vers le
bonheur d’une société communiste, ont produit de vertigineux massacres
de populations : les famines organisées par Staline dans les campagnes,
la famine provoquée par le « grand bond en avant » de la
Chine de Mao Tsé-toung, les massacres au Cambodge par le polpotisme …
– (a-s) : Tu as tout-à-fait raison ! Mais tu remarqueras
quand même que si Kant écrit précisément qu’on ne peut jamais «
déterminer d'une façon sûre et générale » une politique qui mènerait au
bonheur, il ne dit pas qu’il faut renoncer en politique à la
perspective du bonheur. D’ailleurs, et cela Kant le savait très bien,
nul ne peut éviter la perspective du bonheur. C’est bien pourquoi le
mot existe dans toutes les langues, et il désigne toujours la
perspective ultime du désir. Cela, il y a 25 siècles, Aristote l'exprimait
ainsi : « le bonheur est le Souverain Bien », car,
expliquait-il, « nous le choisissons toujours pour lui-même et
jamais en vue d'une autre chose au contraire, l'honneur, le plaisir,
l'intelligence ou toute vertu quelconque, sont des biens que nous
choisissons assurément pour eux-mêmes (…), mais nous les choisissons
aussi en vue du bonheur, car c'est par leur intermédiaire que nous
pensons devenir heureux. »
[7]
Aristote a raison ! Après tout, on peut très bien se dire « À quoi
bon le bien commun, si moi-même je puis satisfaire tous mes désirs
? » C’est, par exemple, la logique du tyran ou du monarque absolu
qui veulent faire croire que le bien commun est identique à leur
bonheur personnel ! Par contre on ne peut jamais dire : « À quoi
bon le bonheur ? », cela n’a aucun sens.
Oui, on ne saurait se dispenser de la perspective du bonheur, et je pense que la réhabiliter est la seule voie pour que
le réinvestissement de l’avenir devienne populaire.
– Mais là tu vas à rebours de tous ces militants
lanceurs d’alerte qui dénoncent les dommages collectifs engendrés par
cette culture du bonheur propre à notre société de consommation. Ils
ont pourtant raison ! Si les biens marchands continuent à être
produits, à circuler, à être jetés, c’est parce qu’ils sont propulsés
par l’argument du bonheur qui est quasiment toujours présent, ne
serait-ce qu’en arrière-plan, dans les invites marchandes à l’achat.
– (a-s) : Écoute, il faut admettre que l’humain est ainsi fait que son désir
ne peut que former le vœu ultime du bonheur. De ce point de vue, on
définirait justement le bonheur comme l’idéal d’une vie humaine qui
réaliserait toutes ses promesses – en soulignant bien le
« toutes » ! Or ce n’est pas ce que propose la société de
consommation mise en place par la mercatocratie. Ce
« bonheur » que procure l’appropriation du bien dans l’achat
est essentiellement imaginaire et éphémère : il n’est qu’un ersatz du
bonheur tel qu’on vient de le définir – c’est pourquoi l’acte d’achat
n’en finit jamais de devoir être réitéré.
– Mais il me semble que le bonheur qu’on vise, dans
notre société, c’est plus que cela. Il s’agit de maximiser les
sensations bonnes, par les biens achetés certes, mais de plus en plus
on met l’accent sur des disciplines qui apporteraient le bien-être
intérieur, comme le yoga, etc.
– (a-s) : Certes ! Mais tu ne prends pas garde à la
limitation d’une telle approche du bonheur. C’est celle de
l’individualisme. Le bonheur dans cette société, au fond, c’est réussir
sa vie. Et par là, il devient inévitablement une affaire quantitative :
accumuler sur sa personne des sensations bonnes. Or, une telle approche
amène inévitablement à la comparaison avec autrui. Ce qui donne
l’équation : être heureux = réussir sa vie = avoir la possibilité de
plus de sensations bonnes que la plupart. Mais ce sentiment de réussite
ne s’appuie-t-il pas encore essentiellement sur l’imaginaire ? Et dans
cet imaginaire n’y a-t-il pas nécessairement la composante du malheur
de l’autre relativement à soi ? Or cela est contradictoire avec la
visée de réalisation de « toutes » les promesses de la vie
humaine puisque celle-ci implique qu’il ne peut pas y avoir de bonheur
pour quiconque s’il y a du malheur autour de lui.
– Je te laisse à ton délire de bonheur absolu. Je suis
assez d’accord avec ta critique du bonheur comme maximisation de
sensations bonnes propre à notre société. Mais cela confirme ma
conviction que la visée du bonheur n’est pas la bonne approche pour
résoudre le problème de bien commun contemporain.
– (a-s) : Alors comment vois-tu pouvoir le résoudre,
dans la mesure où tu as reconnu que l’on ne pouvait pas s’en tenir aux
solutions courtermistes constamment préconisées aujourd’hui ?
– Convaincre ! Toujours convaincre qu’il n’y a pas
d’autres voies raisonnables que de réformer massivement nos
comportements pour les rendre compatibles avec la justice entre les
hommes et le maintien de la viabilité de la biosphère !
– (a-s) : Bon courage ! Tu vas utiliser ton temps et ton
énergie à militer. Alors qu’après des décennies de militance, on voit
aujourd’hui les intérêts particuliers s’imposer toujours plus, lesquels
remettent en cause les quelques engagements obtenus en faveur de règles
plus sages concernant les comportements dans la vie sociale et
vis-à-vis de l’environnement naturel.
Il faut que tu comprennes que si le bonheur-consommation est aujourd'hui triomphant, malgré tous les dommages qu'il crée et qu'il annonce, c'est parce que la militance écologique et sociale a
échoué ; et elle a échoué parce qu’elle s’est heurtée à un manque de motivation populaire.
– Mon cher ami anti-somnambulique, il faut que tu
l’acceptes : les lendemains qui chantent, on n’y croit plus !
– (a-s) : On a fait en sorte qu’on n’y croie plus !
Parce qu’on était intéressé à orienter la perspective de bonheur
inhérente au désir humain vers l’achat de biens marchands. D’ailleurs,
il ne s’agit pas de « lendemains qui chantent », il ne s’agit
pas de se raconter des histoires pour se détourner des problèmes
présents. Il faut simplement reconnaître le caractère incontournable du
« concept de bonheur » comme dit Kant. Le philosophe parle de
« concept » pour faire comprendre que la notion de bonheur
est requise et formée par la raison : elle est l’état qui serait la
réalisation ultime du désir humain, celui de la plénitude humaine,
celui de la réalisation de toutes les promesses de la vie humaine,
comme nous avons dit. Elle a ainsi le même statut que d’autres idées
requises par la raison, comme l’idée de monde – l’unité de tout
ce qui est – , de Dieu – la cause du monde – , le moi –
l’unité de tous mes états de conscience. Bonheur, monde,
moi, Dieu, sont des idées que Kant qualifie de transcendantales.
En effet elle dépassent toute expérience humaine, et en cela on est
bien incapable de rendre compte objectivement de la réalité qu’elles
désignent. Ce sont pourtant des idées indispensables parce qu’elles
donnent sens à des réalités clairement connues et permettent ainsi de maîtriser notre comportement à leur égard. Par exemple l’idée de monde
permet d’unifier toutes les réalités nommées et de donner un sens à
leur hiérarchisation – ce qu’on appelle une vision du monde. De
même l’idée de moi permet de rapporter tout ce qui m’arrive à
une valeur absolue qui en est le foyer et leur donne sens. Et il en est
ainsi de l’idée de bonheur : elle permet d’unifier tous les
aléas de l’histoire humaine qu’ils soient tristes ou joyeux et de les
ordonner du point de vue d’un futur de plénitude humaine, cet
ordonnancement prenant alors le nom de Progrès.
– Je crois que je comprends. Il faut accepter qu’il y a
des réalités-limites qu’on peut concevoir mais qu’on est incapable de
bien comprendre du fait de notre condition humaine qui reste bornée.
Mais il est nécessaire de les prendre en compte parce que ce sont ces
réalités qui donnent sens à notre vie, et que c’est par rapport à elle
qu’il nous faut orienter notre liberté.
C’est très … fort, cet apport de Kant !
– (a-s) : Oui ! La réhabilitation du bonheur compris
comme idée transcendantale est nécessaire pour éclairer nos problèmes
présents. Si tu veux nous en rediscuterons plus tard…, autour d’un pot,
au Cercle de l’avenir !