Il y a une intelligence dans la nature, c'est flagrant !
Tout est agencé de manière si rationnelle en fonction de principes !
Il y a mille exemples.
Regardons simplement la conception de cet instrument pour voler qu'est la plume.
Le Hasard et la Nécessité – titre d'un livre de Jacques Monod (1970) – seraient les facteurs ultimes de l'ordre des choses. On aimerait bien le croire. Ce serait fort réconfortant pour l'ego humain :
l'homme seul être intelligent, privilégié par hasard et nécessité ; donc les qualités dont il est si fier ne le font pas tributaire d'un être transcendant.
mais aussi l'homme comme le seul être produit de l'évolution qui peut la placer (l'évolution !) au-delà du hasard et de la nécessité sur la voie de la raison, donc l'homme comme véritable démiurge.
Hé bien non, ça ne marche pas. J. Monod lui-même l'avoue sans le reconnaître lorsqu'il essaie de rendre compte de l'apparition d'un ordre vivant :
« Il y a apparition d'ordre, différenciation structurale, acquisition de fonctions, à partir d'un mélange désordonné de molécules individuellement dépourvues de toute activité, de toute proriété fondamentale intrinsèque autre que de reconnaître les partenaires avec lesquelles elles vont constituer la structure. » ( c'est moi qui souligne).
Mais comment J. Monod, par ailleurs prix Nobel de biologie (1965), ne s'est-il pas aperçu qu'il réintroduisait ainsi la finalité et l'intelligence par la bande ? « Reconnaître » n'est-ce pas connaître déjà ? Ne reconnaît-on pas en fonction d'un but que l'on poursuit ? L'intelligence n'est-elle pas déjà dans ces « molécules ... dépourvues de toute activité » ? (reconnaître les partenaires est peut-être l'activité essentielle du vivant)
Dire qu'il y a intelligence dans la nature c'est effectivement poser une spiritualité extra-humaine qui prend en compte la raison. Cela expliquerait l'étonnante adéquation des mathématiques à la réalité, alors que les mathématiques ne sont que des connaissances établies sur des objets idéels (construits par notre intelligence).
Alors, tout de suite l'idée d'une « spiritualité extra-humaine » déclenche les défenses : le dépassement, durement acquis, du fatras spiritualiste hérité des croyances religieuses semble remis en cause. On subodore le retour des obscurantismes du passé qui ont été si dommageables.
Mais peut-être faut-il comprendre que l'on puisse reconnaître l'intelligence de la nature sans dériver dans des délires anthropomorphiques. Il suffit d'être rigoureux.
La nature, c'est la cohérence que manifeste la biosphère et son support aqueux-minéral-aérien.
L'intelligence de la nature n'est rien de plus que la manifestation, par celle-ci, d'un savoir qui tient compte de la raison. Nous ne pouvons nous prononcer sur sa forme. En particulier nous n'avons pas à lui attribuer la forme verbale (la conceptualisation).
Cette ignorance du modus operandi de l'intelligence dans la nature est un fait qui, pour être mieux pris en compte, devrait amener à réactualiser la notion d'« entendement ».
L'entendement est cette faculté proprement humaine de mettre en œuvre la raison au moyen du langage, elle se traduit en particulier par l'activité mentale de réflexion. En effet la faculté de langage au sens strict – capacité de faire signe de manière générique, indépendamment d'intérêts particuliers pour le monde – apparaît spécifique à l'homme.
Hé bien la nature serait intelligente mais n'aurait pas d'entendement ; elle agencerait rationnellement mais ne réfléchirait pas.
Je sais, c'est difficile à imaginer ? Tant mieux ! Nous n'avons aucune idée dont la nature est intelligente. Car cela nous préserve des croyances régressives et obscurantistes. Mais c'est la manière la plus raisonnable de rendre compte de l'expérience.
Alors l'humanité serait cette espèce en laquelle l'intelligence dans la nature aurait pris la forme de l'entendement.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire