Je veux parler des phénomènes de négligences ou de négation du lien social : là on oublie une gosse de 3 ans dans un bus, ailleurs on agresse ou on tue pour un regard mal interprété, etc. De tels événements, étonnants car ils ne se rapportent pas aux causes classiques des problèmes sociaux, parsèment le fil de nos actualités. Ils touchent très souvent les jeunes, à la fois comme agents et comme victimes.
C'est particulièrement significatif concernant l'institution éducative : maintenant on blesse, on tue régulièrement dans les établissements scolaires. Or, c'est inédit, car les établissements scolaires, dans le passé – excepté les exigences de dénonciation des enfants juifs par la hiérarchie de l'Instruction Publique quelques années de l'Occupation – ont toujours été saufs de la violence présente dans la société. C'était considéré comme un devoir de l'institution républicaine de faire en sorte que tout le monde sache se respecter à l'intérieur des murs de l'établissement.
Or tous ces faits de brisures inopinées des liens sociaux, qui se répètent et s'enchaînent, indépendamment des conflits sociaux dûment répertoriés, ne produisent rien d'autre dans la conscience collective qu'un chapelet de faits divers, comme si le spectacle de l'étonnement suffisait.
On ne voit pas , reprises publiquement, des études – qui existent certainement – sur l'ampleur du phénomène, sa mise en perspective historique, les paramètres qui sont en jeu, etc.
Notre question est donc:
Combien de temps, combien de malheurs, de vie brisées, de traumatismes insurmontables, faudra-t-il encore, pour qu'on se demande de quel problème social ces phénomènes de violence (parce qu'il s'agit toujours en fin de compte de violences) sont-ils le symptômes ? Pour que notre société réfléchisse sur son fonctionnement ?
Pour mémoire, j'ai fait quelques hypothèses, il y a quelques années, alors que le phénomène n'avait pas encore l'ampleur actuelle.
Bonsoir Pierre-Jean,
RépondreSupprimerton article m'intéresse. Il pointe des questions qui m'interpellent dans l'actualité, dans la société et même, je dois le dire, dans le quotidien du lycée.
Dans l'actualité, je suis frappée par la coincidence de certains actes de violence et je me demande si leur médiatisation n'agit pas auprès de certains comme "permission de passer à l'acte".
Un de ces derniers drames qui semblait un réglement de compte après le refus d'une titularisation (certes dans un contexte économique actuellement difficile) m'évoque de surcroît un état de non droit où chacun considèrerait qu'il peut se faire justice lui même.
Je me demande donc si le fait divers ne favorise pas également la levée de l'inhibition et de l'interdit.
Autre sujet:
Au sein des établissements scolaires, l'entrée des violences a également des causes multiples.
Toutefois, on ne cesse de diminuer le nombre d'adultes en interface aux élèves: les médiateurs que sont les surveillants, les CPE, les professeurs etc... on amenuise la possibilité de temps d'écoute et de parole entre adultes et adolescents. On a déjà dit que les parents s'étaient désinvestis de l'éducations de leurs enfants. Est- on en train de désinvestir les professeurs de l'enseignement? Auprès de qui ou de quoi les jeunes pourront-ils s'appuyer (ou s'opposer) pour grandir ?
Lectures et réflexions à suivre ...
J'ai suivi le lien vers l'article précédent.
RépondreSupprimerJe partage ton point de vue et suis d'autant plus inquiète que depuis 9 ans,c'est-à-dire depuis la publication de ce premier article, la "conscience" (?) politique poursuit ses chimériques fantasmes de croissance économique sur l'autel de laquelle l'humain ( à tous les âges) est sacrifié.