dimanche, novembre 02, 2008

Le hochet Obama

La proposition que l'on entend partout dans les médias :
"Obama, premier président noir"
Qu'aujourd'hui, elle soit encore sur le mode hypothétique, qu'elle devienne catégorique dans deux jours, il n'empêche que la proposition est sans cesse déclinée jusqu'à en avoir la nausée.

D'abord, elle est contestable. Qu'est-ce qu'être noir ?

Couleur de peau ? Alors, c'est faux.
Ascendance d'esclaves ? C'est faux.
Avoir du sang venant d'Afrique ? C'est certain, mais alors qui peut assurer qu'il n'est pas noir, considérant tous les métissages de l'aventure humaine ?

Donc quel est le sens de cette insistance ?
L'important ne serait-il pas d'expliquer ce qu'Obama veut faire du pouvoir qu'il convoite ? Or, on nous en dit si peu ! On s'y intéresse si peu !

Peut-être l'adjectif "noir" à accoler au nom d'Obama prend-il une telle valeur parce qu'il satisfait des passions convergentes :
  • Passion de ressentiment de tous les laissés-pour-compte de la brutalité du monde technico-économique contemporain qui semble effectivement promu par des humains à peau claire. Qui dit ressentiment dit désir de rabaissement de qui réussit mieux que soi. Dans cette perspective le pouvoir d'Obama vaudrait d'abord symboliquement comme le fait que le "blanc" soit sorti de la Maison "Blanche".
  • Passion de pouvoir de ceux qui sont aux manettes trop heureux de donner ce dérivatif à un peuple destiné à être victime prioritaire de la crise, en ayant un peu conscience, et devenant de plus en plus grondeur. Donc le discours "Obama, premier président noir" s'expliciterait ainsi : "Voyez braves gens, vous avez votre revanche, c'est un noir qui est l'homme le plus puissant de la Terre. Vous avez en quelque sorte gagné. Alors rentrez chez vous ! Bavez devant les récits arrangés et anecdotiques de sa présidence que nous allons vous servir en abondance ! Et fermez-là !"
Bref, il s'agit de cout-circuiter le sentiment d'injustice qui ne peut que s'imposer au vu de la situation sociale, en flattant un sentiment socialement beaucoup plus dangereux – le ressentiment du dominé contre le dominant.

Définitions :
  • sentiment d'injustice : sentiment que la société n'est pas organisée dans le sens de la reconnaissance d'une égale dignité de tous ses membres. Il est une exigence de dignité pour tous.
  • ressentiment : sentiment qui pousse à vouloir réduire le pouvoir du dominant faute de pouvoir affirmer le sien.
Obama président :
  • au niveau de l'action je n'ai pas trop d'éléments pour savoir ce que cela sera,
  • au niveau de la communication, il semble bien que ce soit déjà le hochet balancé au peuple pour qu'il le secoue tant et plus afin qu'il oublie sa revendication de justice à l'intérieur de la société en laquelle il vit ... à condition qu'Obama soit noir.

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