lundi, octobre 25, 2010

Vite, la séquence images !

Comment se sortir de la crise des retraites ?
Hé bien par les images, voyons !
Ah ces bonnes vieilles images surchargées d'affects qui permettent si bien de manipuler le peuple. Des images humaines : ce sont les meilleures pour cet usage. Un nouveau premier ministre, des nouveaux ministres, choisis pour la prégnance de leur image dans la conscience collective. Et puis, déjà, les candidats à la candidature, en attendant les candidats à l'élection présidentielle.
Des images de rivalité. Oh que c'est bon ça !
Le problème de notre chère (en coût social et humain) ploutocratie, c'est qu'elle ne peut pas tout mettre en images. Et ce qu'elle ne peut mettre en images, elle ne le maîtrise plus, ne pouvant court-circuiter la pensée collective par des urgences d'affects.
Quelle impuissance en 2005 d'une campagne médiatique omniprésente pour une nouvelle constitution européenne ! Mais comment trouver une image qui polarise les investissements lorsqu'il s'agit d'un texte technique ? Idem pour la  réforme des retraites.
Leçon définitive : ne plus battre les estrades pour les choix qui ne permettent pas les investissements sur image, les faire passer à la sauvette.
Les citoyens ont intérêt à bien surveiller les mois de juillet-août : oui, oui, j'appelle à la création d'un "Collectif d'Alerte Citoyenne Estivale" (slogan : "Le CACE contre la casse !" ; peut-être que s'il avait existé en 1993 aurions-nous encore nos 37,5 annuités).
Et pour cette même raison, ce n'est pas demain la veille du prochain référendum en France !

NB Le véritable problème actuel de la ploutocratie est peut-être que l'image "Sarkozy" est devenue assez inutilisable, alors que l'ego du Président empêche la promotion d'autres images.

Autre NB N'oublions pas que :
s'il y a des images qui court-circuitent la réflexion en captant le désir,
il y a aussi des images qui stimulent la réflexion en interrogeant les êtres.

vendredi, octobre 22, 2010

Légitimité de l'antisarkozysme

Il était patent dès 2005 que Sarkozy avait des comportements qui blessaient, stigmatisaient, et nouaient, précipitaient des problèmes sociaux : "racaille", "descend si t'es un homme", "casse-toi  ...", "aujourd'hui, quand il y a une grève ...", et j'en passe.
Un homme politique, surtout s'il a des responsabilités publiques nationales, prend nécessairement une valeur exemplaire : ses comportements engagent d'innombrables autres comportements vers une certaine tonalité.
Le caractère irrespectueux des comportements du Ministre de l'Intérieur ou/et du Président de la République, engendre une kyrielle de comportements irrespectueux. En particulier de la part de fonctionnaires qui se considèrent comme leurs représentants directs, tels les fonctionnaires du maintien de l'ordre. Il ne faut pas chercher ailleurs la raison essentielle de l'embrasement des banlieues en 2005, et de la persistance d'incidents violents émanant des "quartiers", depuis.
Depuis près de 8 ans, on se trouve en face d'un homme public qui se place constamment dans le registre de la rivalité, parce qu'il a besoin de faire signe de sa supériorité en ce registre en mettant en scène sa force, son pouvoir, sa richesse, etc., au détriment de l'intérêt public.
Un responsable politique digne de ce nom, c'est-à-dire ayant le sens de l'intérêt public, doit s'imposer un comportement qui désamorce les rivalités et apaise les tensions sociales.
Il y a beaucoup de gens qui souffrent du caractère injuste des décisions de l'actuel Président de la République ; mais tout autant, ces gens souffrent de l'irrespect dans lequel ils se sentent tenus.
On n'est pas méprisable parce qu'on n'affiche pas des signes de réussite sur le terrain de la rivalité !
C'est pour cela que ce mouvement des retraites à une forte racine antisarkozyste qui le rend, pour le pouvoir, si difficile à maîtriser.
Il reste le problème : par quelle fragilité intrinsèque, notre démocratie a-t-elle pu faire surgir un tel "premier personnage de l'État." ?

lundi, octobre 18, 2010

Raccourci d'actualité chaude

Il s'agit d'un homme qui a mis le feu aux banlieues en 2005 en tant que Ministre de l'Intérieur.
Le même homme a trouvé ensuite un nombre suffisant de Français inconséquents pour être élu Président de la République.
Et cet homme, aujourd'hui, est en train de mettre le feu à l'ensemble de la société.

jeudi, octobre 14, 2010

La logique de la fourmilière

Réforme des retraites : elle tente d'avancer dans la concrétisation de ce rêve d'une société de fourmis en laquelle chacun voue son énergie à activer les flux de marchandises, et puis meurt.

C'est un rêve d'individus qui ont leurs poches bien placées pour se remplir au passage de ces flux.

Mais en fait, ce rêve, il était déjà présent dans le slogan "travailler plus pour gagner plus" !
Mais il était plus masqué car on mettait en valeur l'autre versant du rôle de la fourmi au service du flux effréné des marchandises : la consommation. Car le dynamisme des flux implique aussi qu'elle consomme.

Ah si les retraités ne s'occupaient que faire des voyages touristiques organisés !
Mais ils prétendent aussi utiliser leur énergie – qui du coup ne semble pas avoir assez été exploitée dans le travail – pour la vie associative, la politique, le bricolage... et tout ça c'est clairement du lèse-fourmilière !

mardi, octobre 12, 2010

Retraites : le téléscopage des temporalités

Quoiqu'on dise, le système des retraites français est un contrat à long terme.
On cotise dès son premier emploi, et en retour on a l'assurance, dans plusieurs décennies, de revenus dans la dernière partie de sa vie selon certaines règles.
C'est pour cela qu'il est extrêmement délicat de toucher aux règles pour ceux qui ont déjà commencé à cotiser.
En strict droit contractuel, ils devraient explicitement donner leur accord pour la modification des règles.
De ce point de vue la proposition du référendum est l'idée qui serait la plus intelligente pour sortir de la crise de cet automne 2010.
 La question posée devrait alors telle celle-ci :
"Acceptez-vous l'ensemble des modifications inscrites dans le projet de loi xy concernant le contrat qui vous lie à l'État en tant que cotisant aux caisses de retraites ?"
Cela supposerait un texte de loi assez simple – quelques articles – et impliquerait, si acceptation, l'acceptation des dispositions techniques requises pour les mettre en œuvre.

Mais on n'aura pas cette solution, parce que nos gouvernants sont, quoiqu'ils disent, dans le court terme.

Par quel miracle les caisses de retraite pourraient-elles avoir des comptes équilibrés ? Sauf à changer constamment les règles, ce qui enlèverait tout sens au système, les rentrées (cotisations) ne peuvent jamais être ajustées aux sorties (pensions), du fait des aléas de l'histoire et de la démographie.
C'est là que se trouve le plus incongru dans la réforme aujourd'hui proposée : on va demander à un jeune qui s'engage sur le marché du travail de cotiser, tout en le laissant dans l'incertitude sur l'âge où il pourra faire valoir ses droits à la pension de retraite, ni lui donner d'assurance sur le montant de cette pension, puisque la réforme proposée n'est pas totalement financée et qu'en conséquence on annonce des révisions régulières des règles.
Le gouvernement veut en réalité faire porter sur les salariés et retraités à venir les aléas – à effets forcément négatifs sur les caisses de retraite – d'une économie marchande qui oriente toujours plus de flux de richesses vers quelques poches privées.

Il est certain qu'il y a eu une très longue période – les Trente Glorieuses – en laquelle le système était très bénéficiaire : générations décimées par les guerres, faible espérance de vie après 65 ans.
Où est passé l'argent de nos cotisations d'alors ? N'aurait-il pas du être géré dans la perspective du renversement des paramètres démographiques, largement prévisible ?
Et la question est posée non seulement à tous les gouvernants de ces dernières décennies, mais aussi aux trois grands syndicats de travailleurs, co-gestionnaires des caisses de retraite, de même qu'aux organisations patronales.

Tous ces responsables n'ont pas été à la hauteur de ce beau et ambitieux système de solidarité inter-générationnel instauré par nos pères au sortir de la Résistance. Et nous mêmes, quand nous pinaillons sur la définition de la pénibilité, ou autre durée de cotisation, tout en affirmant le bien fondé d'une réforme, ne sommes pas non plus à la hauteur de l'enjeu.

Car le système des retraites par répartition est un engagement des partenaires sociaux à long terme – sur plusieurs générations – et il ne peut en être autrement. Ses règles ne devraient pas être remises en cause par des aléas historiques telle une crise ponctuelle due à des spéculations financières – du moins pas sans consentement explicite des intéressés.

La question est : sommes-nous encore dans un rapport au monde en lequel l'horizon temporel soit suffisamment ample pour un tel système des retraites ?

Si oui, alors il faut nous donner tout de suite les responsables politiques qui soient à la hauteur de cet enjeu.

Si non, alors continuons, si nous voulons, à pinailler sur le contenu de la réforme. On reste dans le court terme. Le système marchand a déjà gagné : il a déjà préparé le terrain dans nos consciences pour que soit abandonné ce système de solidarité inter-générationnel, lequel, comme toutes les solidarités, gêne l'expansion du règne de la marchandise.

vendredi, octobre 08, 2010

Supplique pour les rebuts des micros-trottoir

Que deviennent les larges rebuts des micros-trottoir, toutes ces expressions qui, n'allant pas dans le sens des clichés attendus de l'opinion commune, sont écartés au montage ?

Quelle variété, quelle richesse, quelles pépites de points de vue humains sur le monde, quelles expériences inimaginables, quelles trajectoires de vie impensables, gisent dans le nulle part de secteurs oubliés de supports numérisés délaissés !

Ce qui intéresse le pouvoir médiatique, c'est l'attendu du seul point de vue qui vaille de ce côté-là, celui des intérêt dominants la vie sociale.
Ce qui est intéressant, c'est la connaissance de l'infinité diversité des points de vue qui ouvre le champ des possibles de chacun, et ainsi rend plus libre.

Qui pourra me dire où chercher, comment exhumer, des bribes de ces "zéro-valeur-marchande" qui ont tant de valeur ?
Peut-on envisager qu'un site dédié - une sorte de "balai sur images" - récupère ce qui est récupérable de ces expressions ?
Ce serait passionnant !

Appel à tous les monteurs de micros-trottoir : récupérez vos rebuts !... avant qu'il n'y en ait plus.

mercredi, octobre 06, 2010

Mettre l'enfant à l'image

On remarque trop, dans les imagiers communs, ces mises en scène d'enfants qui se montrent à tout propos, et donnent leur avis sur tout.

Ils semblent anticiper leur statut d'adulte, mais au vrai, c'est l'adulte qui a décidé et qui ici se sert de l'enfant.
L'enfant qui fait complaisamment l'enfant devant un micro ou une caméra donne plutôt à l'adulte l'occasion de réparer sa mauvaise conscience d'avoir si peu respecté l'enfant qu'il était et les enfants qui sont.

Par cette mise en scène de l'enfant, l'adulte se donne le double bénéfice d'une image qui valorise socialement l'enfant et qui redonne la parole à l'enfant qu'en lui il a fait taire.

Faire apparaître l'enfant sur écran remédie à sa quasi absence dans l'espace réel.
Où sont donc passé les enfants ? Bien à leur place, dans des endroits clos, trop souvent devant un écran quelconque, en tous cas ne gênant pas les processus de flux des marchandises – ce qui est prioritaire  – ou alors ils sont dans les "quartiers", c'est-à-dire dans des zones considérées comme menaçantes.
Oui, ce sont aussi beaucoup d'enfants que l'on chasse de l'espace réel lorsque l'on expulse un camp de Roms.

L'enfant à l'écran ? l'innocence + la spontanéité, sans les perturbations.

Les enfants ont aujourd'hui si peu la possibilité de se glisser dans les interstices du monde adulte comme ils ont vocation à le faire – ce qui est nourrir son envie de grandir !
Quels espaces reste-t-il pour vivre son enfance dans notre monde ?
C'est l'enfant qui, en priorité, pâtit  du rétrécissement de l'espace public, et de son accaparement par la bagnole.

Si rares sont devenus les lieux où les enfants peuvent alimenter de leur imaginaire des situations propres à apprivoiser les règles du monde adulte – ce qui est jouer !
Lorsque l'enfant "joue" devant un écran, son imaginaire n'est-il pas asservi à l'imaginaire de l'adulte ?

Quelles relations humaines reste-t-il pour que les enfants vivent ce qui les intéresse et qui est l'apprentissage du monde dans une relation affective aux adultes ?

La complaisance à l'enfant en image semble bien être le corollaire de la négation de l'enfance.

mardi, octobre 05, 2010

Les clés et les Roms plus quelques autres

Une des valeurs les plus intéressantes de l'existence humaine est la confiance.
Elle était déjà reconnue dans tout son prix par les Anciens sous le mot d'amitié (Aristote, Épicure, etc.).

Un monde où l'on n'a pas besoin de lourds trousseaux de clés, et d'une liste de codes (et d'un autre code pour verrouiller la liste) pour vivre avec autrui, est indubitablement un monde meilleur.

C'est en ce sens qu'il est bon que les Roms, plus quelques autres, en particulier du côté de l'Afrique – qui n'ont pas de clés – continuent à venir chez nous. Même si parfois ils malmènent les serrures – qu'ils ne peuvent investir à notre degré – de notre monde à clés.

Car nous avons quelque chose d'essentiel à apprendre d'eux.