On remarque trop, dans les imagiers communs, ces mises en scène d'enfants qui se montrent à tout propos, et donnent leur avis sur tout.
Ils semblent anticiper leur statut d'adulte, mais au vrai, c'est l'adulte qui a décidé et qui ici se sert de l'enfant.
L'enfant qui fait complaisamment l'enfant devant un micro ou une caméra donne plutôt à l'adulte l'occasion de réparer sa mauvaise conscience d'avoir si peu respecté l'enfant qu'il était et les enfants qui sont.
Par cette mise en scène de l'enfant, l'adulte se donne le double bénéfice d'une image qui valorise socialement l'enfant et qui redonne la parole à l'enfant qu'en lui il a fait taire.
Faire apparaître l'enfant sur écran remédie à sa quasi absence dans l'espace réel.
Où sont donc passé les enfants ? Bien à leur place, dans des endroits clos, trop souvent devant un écran quelconque, en tous cas ne gênant pas les processus de flux des marchandises – ce qui est prioritaire – ou alors ils sont dans les "quartiers", c'est-à-dire dans des zones considérées comme menaçantes.
Oui, ce sont aussi beaucoup d'enfants que l'on chasse de l'espace réel lorsque l'on expulse un camp de Roms.
L'enfant à l'écran ? l'innocence + la spontanéité, sans les perturbations.
Les enfants ont aujourd'hui si peu la possibilité de se glisser dans les interstices du monde adulte comme ils ont vocation à le faire – ce qui est nourrir son envie de grandir !
Quels espaces reste-t-il pour vivre son enfance dans notre monde ?
C'est l'enfant qui, en priorité, pâtit du rétrécissement de l'espace public, et de son accaparement par la bagnole.
Si rares sont devenus les lieux où les enfants peuvent alimenter de leur imaginaire des situations propres à apprivoiser les règles du monde adulte – ce qui est jouer !
Lorsque l'enfant "joue" devant un écran, son imaginaire n'est-il pas asservi à l'imaginaire de l'adulte ?
Quelles relations humaines reste-t-il pour que les enfants vivent ce qui les intéresse et qui est l'apprentissage du monde dans une relation affective aux adultes ?
La complaisance à l'enfant en image semble bien être le corollaire de la négation de l'enfance.
A première vue, mon commentaire semblera un peu éloigné de ton sujet... j'espère que tu y trouveras ensuite quelque point commun.
RépondreSupprimerJ'ai entendu l'autre jour à la radio une paléontologue dire que l'homme de Néandertal, de tribus nomades n'avait pas conscience de sa propre paternité, la notion de couple constitué n'existant pas encore.Les femmes elles, en revanche , avaient conscience de leur maternité. Ce n'est qu'à partir du néolithique, avec la sédentarisation que cette conscience est apparue. Donc,chaque homme de néandertal, chaque homme de la tribu se considérait comme le père de tous les enfants, sans distinction. Si aujourd'hui chaque homme se considérait comme père de tous les enfants, cela changerait quelque chose du regard que nous leur portons... Car je comprends que tu dénonces que l'enfant n'est plus mis à la place de l'enfant aujourd'hui, mais de séducteur-vendeur, donc à notre image. Regardons les avec des yeux d'adultes considérant des enfants